Soudan: l'armée nie les accusations d'attaques contre des civils à Al-Jazira

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L'armée soudanaise a nié mardi toute implication dans des attaques contre des civils dans l'Etat d'Al-Jazira qu'elle a repris aux paramilitaires, après qu'une organisation d'avocats prodémocratie l'a accusée ainsi que des milices alliées d'y avoir tué 13 personnes dont deux enfants.

Emergency Lawyers, un groupe d'avocats soudanais qui documente les atrocités commises depuis le début de la guerre qui oppose l'armée aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) depuis 20 mois, a rapporté que les attaques dans la localité d'Um al-Qura dans l'est d'Al-Jazira avaient commencé la semaine dernière alors que l'armée avançait dans cette région du centre du Soudan.

L'armée a repris samedi la capitale régionale, Wad Madani, expulsant les FSR qui dominaient Al-Jazira depuis décembre 2023.

Les avocats ont accusé lundi l'armée et des milices alliées d'avoir arrêté "un certain nombre de civils, y compris des femmes", décrivant des "campagnes ethniques" visant des communautés accusées de collaboration avec les FSR.

Ils citent parmi les attaques de l'armée et des milices "des exécutions extrajudiciaires, des enlèvements ainsi que des humiliations et tortures physiques et psychologiques".

Tant l'armée que les FSR ont été accusées de crimes de guerre, notamment d'avoir pris pour cible des civils et bombardé sans distinction des zones résidentielles.

Si les FSR sont tristement célèbres pour leurs violences à caractère ethnique -les Etats-Unis les ont récemment accusées de génocide-, des informations indiquent également que des civils sont victimes de discriminations raciales dans les zones contrôlées par l'armée.

L'armée a attribué mardi ces attaques à des "violations individuelles" et promis de veiller à ce que les responsables de ces violences rendent des comptes. Elle a accusé des groupes qu'elle n'a pas nommés d'exploiter ces incidents pour incriminer l'armée tout en ignorant "les crimes de guerre horribles des FSR".

Les habitants de villages comme Kombo Tayba, où les attaques ont eu lieu, accueillent des communautés agricoles appelées Kanabi. Selon Emergency Lawyers, ces communautés ont été victimes de "discours de haine" et d'accusations de soutien aux FSR.

La guerre a fait depuis avril 2023 des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions d'habitants et poussé le pays au bord de la famine, plongeant le Soudan dans l'une des pires crises humanitaires.