En Colombie, les affrontements impliquant l'ELN font 60 morts

2 min 48Temps de lecture approximatif

Les autorités colombiennes ont annoncé samedi avoir intensifié leur offensive militaire dans la région du Catatumbo (nord-est) frontalière du Venezuela, où une attaque sanglante de la guérilla de l'ELN contre des civils et des dissidents des FARC a fait au moins 60 morts depuis jeudi, selon un nouveau bilan.

"En ce moment, la situation est très critique dans cette région du pays", a déclaré le commandant de l'armée, le général Luis Emilio Cardozo, en haranguant les troupes qui se déployaient dans les montagnes du Catatumbo.

Le président colombien Gustavo Petro a annoncé vendredi suspendre les négociations de paix avec l'Armée de libération nationale (ELN).

Le bilan des affrontements impliquant l'ELN a grimpé à "environ 60 morts", a annoncé samedi sur X le Bureau du médiateur colombien (ombudsman). Les victimes "sont mortes de manière violente à Convencion, Abrego, Teorama, El Tarra, Hacari et Tibu", a-t-il ajouté.

Le précédent bilan des autorités faisait état de 40 morts.

L'assaut de l'ELN a rompu une trêve avec les dissidents de la défunte guérilla des FARC et a mis au défi le gouvernement de gauche de Gustavo Petro, arrivé au pouvoir avec l'engagement de rechercher une solution négociée à six décennies de conflit armé.

Jusqu'alors, les deux organisations rebelles étaient engagées dans des négociations de paix parallèles avec le gouvernement.

Il y a eu une "rupture, disons, de cette alliance" entre l'ELN et les dissidents des FARC qui ont rompu l'accord de paix de 2016, ce qui "a eu un impact très important sur la population civile", a déclaré le général dans une vidéo diffusée par l'armée sur le réseau X.

- "Tués de façon misérable" -

Rappelant les pires heures du conflit armé en Colombie, les guérilleros de l'ELN ont attaqué jeudi la population civile et affronté les dissidents de l'ancienne guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) dans le Catatumbo, ont rapporté des sources officielles.

"Ils ont sorti les gens de chez eux et les ont tués de façon misérable, en violant les droits humains. C'est à nous, en tant qu'armée nationale, de stabiliser le territoire", a déclaré le général Cardozo aux officiers en uniforme, en expliquant avoir déployé 300 soldats supplémentaires dans la région.

L'accord de paix historique a désarmé les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), mais les groupes dissidents se sont réorganisés avec de nouvelles recrues et mènent la guerre contre l'État, d'autres organisations et la population civile.

À la suite de l'attaque de l'ELN, M. Petro a suspendu les pourparlers de paix avec cette organisation et l'a accusée de "crimes de guerre".

Gustavo Petro avait engagé des pourparlers avec l'ELN à la fin de l'année 2022, lorsqu'il est devenu le premier président colombien de gauche.

Mais le processus de paix est en crise constante en raison des attaques des rebelles, des différends avec d'autres groupes armés et des divergences entre les différentes parties qui ont empêché la conclusion d'accords concrets.

- "Très peur pour les enfants" -

Ce nouveau chapitre de violences à Catatumbo a entraîné le déplacement de plus de 2.500 personnes vers Tibú, a déclaré samedi le maire de la ville, Richar Claro.

L'AFP, qui s'est rendue sur place, a pu constater le climat de désespoir qui règne dans les quatre abris temporaires ouverts pour accueillir les sinistrés.

"Nous avons très peur pour les enfants et que nous soyons laissés au milieu du conflit", a déclaré à l'AFP Carmelina Perez, 62 ans, qui a fui avec ses petits-enfants.

Avec plus de 50.000 hectares de cultures de coca, carburant du long conflit armé, Catatumbo est un symbole de la guerre interne qui a fait plus de 9,5 millions de victimes en six décennies.

Des villageois ont même été évacués en hélicoptère et "des déplacés continuent d'arriver dans les différents points d'accueil" des sinistrés, a indiqué à l'AFP une source militaire.

La Colombie doit participer à une session du Conseil de sécurité des Nations unies la semaine prochaine, au cours de laquelle elle présentera un rapport sur les "crimes de guerre" de l'ELN, selon le ministre des Affaires étrangères Luis Gilberto Murillo.