Les autorités philippines ont annoncé lundi l'arrestation d'un ingénieur en informatique chinois suspecté d'avoir espionné des bases de l'armée et de la police.
Cette arrestation intervient dans un contexte d'escalade, ces derniers mois, dans les confrontations maritimes entre Manille et Pékin, concernant des récifs et des eaux en mer de Chine méridionale que les deux pays revendiquent.
La Chine réclame l'essentiel de cette zone stratégique, malgré un jugement en 2016 de la justice internationale selon lequel ses prétentions n'ont pas de base légale.
L'ingénieur en informatique chinois, identifié comme Deng Yuanqing, et ses deux chauffeurs philippins ont été arrêtés la semaine dernière, dans le cadre d'opérations de contre-espionnage lancées le mois dernier, a indiqué le chef du National Bureau of Investigation (NBI, service de renseignement), Jaime Santiago, lors d'une conférence de presse.
Selon lui, M. Deng est affilié à une université chinoise contrôlée par l'Armée populaire de libération - l'armée chinoise - et faisait partie d'une équipe envoyée "faire de l'espionnage sur notre territoire".
L'ambassade de Chine à Manille n'a pas réagi pour le moment à une demande de commentaire.
Jeremy Lotoc, chef de la division cybercriminalité au NBI, a expliqué que M. Deng a fait de fréquentes visites à "des infrastructures critiques, en particulier des camps militaires, des bureaux d'administrations locales, des centrales électriques, des postes de police, des gares, et même des centre commerciaux".
"En gros, ils collectaient des données et ils ont cette application distante qui transmet hors du pays, en temps réel, les données qu'ils collectaient dans notre pays", a ajouté M. Lotoc, jugeant ces faits "alarmants".
Le général Romeo Brawner, chef de l'armée philippine, a jugé possible que les informations transmises puissent "servir à des fins de ciblage militaire".
Deng Yuanqing est aux Philippines depuis cinq ans et faisait partie d'un groupe composé d'un financier et d'autres ingénieurs, qui sont toujours "en cavale", a précisé M. Lotoc.
Le groupe recevait des fonds d'un montant de 1,5 million de pesos (environ 24.850 euros) par semaine via des "sociétés-écrans", a-t-il ajouté.
D'après le général Brawner, il s'agit de la seconde arrestation d'un espion chinois présumé en un an, et l'analyse de l'équipement saisi lors de la première arrestation avait également révélé des images de sites de l'armée et de la police à Manille.
La police philippine a aussi annoncé cette semaine avoir récupéré un présumé drone sous-marin chinois dans les eaux au large du centre des Philippines.
M. Brawner a expliqué que les autorités enquêtent pour déterminer si les trois affaires sont liées.