Le 20 janvier, les autorités libyennes ont remis, à la demande des juges de la chambre préliminaire, un rapport confidentiel sur la situation actuelle du détenu et sur leurs intentions concernant la procédure engagée par La Haye. Le procureur et le bureau public de la défense - chargé de représenter le suspect en l'absence d'avocat mandaté par ses soins - doivent remettre leur avis sur ce rapport d'ici le 2 février. Aïcha Kadhafi souhaite, elle aussi, être entendue par les juges.
Sous la plume de son avocat, Nick Kaufman, Aïcha Kadhafi propose de fournir aux juges des informations leur permettant de déterminer « si les autorités libyennes désirent vraiment fournir une représentation légale » à Saïf Al-Islam Kadhafi, qui serait toujours détenu à Zenten, au sud de la Libye, et si elles ont l'intention de « lui accorder un procès équitable ».
Dans sa requête, Aïcha Kadhafi, réfugiée en Algérie depuis fin août 2011, affirme avoir fait deux tentatives auprès du bureau du Procureur et du Comité international de la Croix Rouge (CICR), « dans le but de s'enquérir [du] bien-être » de son frère et de lui permettre d'avoir un avocat. Ancien membre du collectif qui avait défendu Saddam Hussein, elle explique avoir aussi eu deux conversations téléphoniques en arabe avec le procureur adjoint de Libye, Abd al-Majid Sa'ad, dont elle déduit que « les autorités libyennes qui prétendent poursuivre Saïf Al-Islam Kadhafi refusent de négocier avec un avocat international ».
Depuis son incarcération en novembre 2011, Saïf Al-Islam Kadhafi a reçu la visite du Comité international de la Croix-Rouge ainsi que de Human Rights Watch. En décembre, Fred Abrahams, chercheur de l'organisation américaine, avait pu le rencontrer à Zenten. « Les autorités ne l'ont pas autorisé à avoir un avocat. Elles ont dit qu'il pourrait avoir un avocat lorsqu'elles trouveront un endroit sécurisé pour l'incarcérer à Tripoli » explique-t-il.
Pour pouvoir juger Saïf Al-Islam Kadhafi sur leur sol tout en respectant leurs obligations internationales, les autorités libyennes devront prouver aux juges de la Cour qu'elles ont les capacités logistiques et la volonté politique de conduire un procès équitable.
SM/GF
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