Les autorités colombiennes ont annoncé mercredi la réactivation des mandats d'arrêt contre plusieurs chefs de l'ELN face à la recrudescence des violences liées à cette guérilla à la frontière avec le Venezuela, qui ont fait 80 morts et près de 32.000 déplacés en moins d'une semaine.
"La procureure générale de la Nation, Luz Adriana Camargo Garzon, a révoqué les bénéfices de suspension des mandats d'arrêt dont disposaient, depuis les années 2022 et 2023, 31 représentants de ce groupe armé qui avaient été reconnus par le gouvernement national comme porte-paroles" afin de participer aux négociations de paix avec le gouvernement, a indiqué son bureau dans un communiqué.
Les mandats d'arrêt contre 18 dirigeants de l'ELN (Armée de libération nationale, guévariste), dont le principal négociateur de paix Pablo Beltran, avaient été mis en suspens en août 2022. Un deuxième groupe de chefs de cette guérilla, parmi lesquels Antonio Garcia, avait bénéficié de la même mesure en 2023.
En six jours, les affrontements entre groupes armés de gauche pour le contrôle de territoires, de lucratives plantations de coca et de routes du trafic de drogue ont fait plus de 100 morts dans trois régions de Colombie, dont 80 dans la seule zone montagneuse du Catatumbo (nord-est), frontalière du Venezuela.
Là, la guérilla de l'ELN a lancé jeudi une attaque sanglante contre des dissidents rivaux de la défunte guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) et la population civile.
En réaction, Gustavo Petro, premier président de gauche de Colombie, a décidé vendredi de suspendre les négociations de paix avec l'ELN, qu'il a accusée de perpétrer des "crimes de guerre", et déclaré lundi l'état d'urgence.
"La situation du Catatumbo est instructive. On apprend aussi de ses échecs et il y a un échec ici. Un échec de la nation", a reconnu mardi M. Petro.
La plupart des membres des FARC ont déposé les armes à partir de 2016. Mais des factions dissidentes ont continué à prospérer dans certaines parties du pays, se livrant au crime organisé et au trafic de drogue.
A son arrivée au pouvoir en 2022, Gustavo Petro s'était engagé à sortir par le dialogue du conflit armé vieux de six décennies dans le pays. Il négociait depuis avec plusieurs organisations armées du pays, dont l'ELN, sans parvenir jusqu'ici à des accords concrets avec les guérillas, les narcotrafiquants, ni les groupes paramilitaires d'extrême droite.
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a condamné mardi "les meurtres de civils, y compris d'anciens combattants qui avaient signé l'accord de paix de 2016, de défenseurs des droits humains et de leaders sociaux", selon son porte-parole Stéphane Dujarric.