Un groupe rebelle de Birmanie a admis vendredi, chose rare, que certains de ses membres avaient procédé à la décapitation de deux hommes, dans un contexte d'intensification des combats entre insurgés et la junte dans l'ouest du pays.
L'incident, qui a "violé le code de discipline militaire", a eu lieu en février 2024, durant une offensive de l'Armée d'Arakan (AA) à Kyauktaw, dans l'Etat de Rakhine, selon le porte-parole du groupe, Khaing Thu Kha.
"Nos milices locales AA n'ont pas pu contrôler leur colère, et ils ont commis des crimes (...) en représailles contre les soldats terroristes de l'armée de Birmanie qui ont injustement arrêté, torturé et tué leurs familles", a-t-il déclaré à l'AFP.
Dans une vidéo de deux minutes qui a circulé sur les réseaux sociaux, environ sept hommes, certains portant l'uniforme de l'AA et des armes à feu, rouent de coups deux autres hommes, torse nu, à terre.
Un autre clip montre le même groupe en train de conduire la décapitation de leurs prisonniers à l'aide de couteaux ressemblant à des machettes.
Khaing Thu Kha a authentifié vendredi les deux vidéos, et confirmé la présence de membres de l'Armée d'Arakan. Ils ont été identifiés et punis, a-t-il ajouté, sans donner de précisions.
A la lumière de ces vidéos, l'ONG Fortify Rights a appelé jeudi la Cour pénale internationale (CPI) à lancer une enquête contre l'Armée d'Arakan pour crimes de guerre.
La Birmanie est en proie à un conflit entre l'armée et divers groupes armés, issus de minorités ethniques ou de l'opposition politique, depuis le coup d'État militaire qui a renversé le gouvernement élu d'Aung San Suu Kyi en février 2021.
Après un assaut lancée en novembre 2023, l'Armée d'Arakan (Arakan est l'ancien nom de Rakhine) a revendiqué la prise de vastes territoires dans l'Etat Rakhine, bien que la capitale régionale Sittwe reste aux mains de la junte.
L'intensification des combats a poussé cette région, qui abrite la minorité musulmane persécutée des Rohingyas, au bord d'une "catastrophe sans précédent", ont alerté les Nations unis en novembre, deux millions d'habitants étant sous la menace de famine.
L'AA, qui dit se battre pour l'autonomie de l'ethnie rakhine, a été accusée par la diaspora rohingya de faire fuir les musulmans, de piller et d'incendier leurs maisons, ce que le groupe a qualifié de "propagande".