Le gouvernement provisoire du Bangladesh a annoncé qu'il n'envisageait pas de renflouer le géant du textile Beximco, propriété de proches de l'ex-Première ministre Sheikh Hasina, une décision qui menace l'emploi de ses 40.000 salariés.
"Nous n'avons pas d'autre choix que de fermer les usines (du groupe), le gouvernement ne peut pas en reprendre la gestion", a déclaré jeudi soir devant la presse le représentant du gouvernement chargé du Travail, Sakhawat Hossain.
Beximco Limited est considéré comme la plus importante entreprise textile d'Asie du Sud.
Après la chute du régime de fer de Mme Hasina en août dernier, le propriétaire du groupe Salman F. Rahman, considéré comme un intime, a été incarcéré, accusé de crimes contre l'humanité.
Depuis son arrestation, 16 de ses usines ont suspendu leurs activités.
Sollicité par les salariés, le gouvernement provisoire a refusé toute intervention. "Leur demande de nationaliser ces entreprises n'est pas envisageable", a assuré M. Hossain, suggérant à leurs ouvriers de chercher du travail ailleurs.
Le "ministre" a justifié sa décision en rappelant le montant vertigineux de la dette et des impayés de Beximco Ltd., évalués par la banque centrale à près de 4 milliards d'euros.
"Le gouvernement a étudié le redémarrage des usines, considérées comme un actif national important en termes d'emploi et d'exportations", a indiqué son collègue en charge du commerce, Sheikh Bashir Uddin.
"Nous n'avons toutefois pas obtenu la coopération espérée des propriétaires", a-t-il regretté lors d'une rencontre avec la presse.
Sollicité par l'AFP, un dirigeant de Beximco, Abdul Qaiyum, a regretté l'attitude des autorités provisoires, dirigées par le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus.
"Au lieu de résoudre la crise, le gouvernement préfère insister sur la dette et exiger le remboursement des prêts", a déploré M. Qaiyum, "c'est aussi inhumain qu'injuste".
Le dirigeant a déploré le gel des comptes bancaires du groupe depuis l'arrestation de son détenteur, qui l'a contraint à arrêter la production. "Nous avons besoin d'argent", a-t-il insisté.
Mercredi, des salariés au chômage technique du conglomérat ont manifesté leur colère dans les rues de la capitale Dacca, détruisant plusieurs véhicules.
M. Sakhawat a assuré que son gouvernement avait pris en charge leurs salaires jusqu'à la fin décembre et qu'ils bénéficieraient de leurs indemnités légales.