Le gouvernement guatémaltèque a reconnu vendredi, soit 45 ans jour pour jour après les faits, sa responsabilité dans l'assaut et l'incendie de l'ambassade d'Espagne par les forces de sécurité qui avait fait 37 morts en pleine guerre civile.
"En mémoire des victimes et de leur dignité, le gouvernement du Guatemala reconnaît la responsabilité de l'Etat dans ce crime contre l'humanité", peut-on lire en lettres d'or sur une plaque de marbre vert dévoilée par la Commission présidentielle pour la paix sur le site du siège diplomatique dans la capitale.
Le drame avait eu lieu le 31 janvier 1980 alors qu'un groupe d'indigènes, de paysans et d'universitaires occupait la représentation diplomatique pour dénoncer la répression de l'armée.
Pour les déloger, militaires et policiers avaient mis le feu à l'ambassade, provoquant la mort de 37 personnes, en majorité des indigènes, mais aussi un ancien vice-président et un ex-ministre des Affaires étrangères guatémaltèques, ainsi que trois diplomates espagnols.
Vendredi, sur le site de l'ambassade, un groupe d'indigènes mayas a organisé une cérémonie ancestrale pour honorer la mémoire des victimes.
Des organisations paysannes et humanitaires ont en outre déploré dans une déclaration que les causes profondes du conflit armé, telles que le racisme, l'exploitation, les inégalités et la dépossession des terres, "n'aient pas été surmontées".
En 2015, la justice guatémaltèque a condamné à 90 ans de prison le chef des forces spéciales qui ont donné l'assaut contre l'ambassade, Pedro Garcia.
La guerre civile qui a ravagé le Guatemala de 1960 à 1996 a fait plus de 200.000 morts et disparus, selon une commission créée sous les auspices de l'ONU.