Enlèvements, exécutions au Kenya: des victimes appellent la CPI à agir

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Face à une vague d'enlèvements et des exécutions extrajudiciaires qui indignent le Kenya, des victimes et proches de victimes appellent la Cour pénale internationale (CPI) à agir, a déclaré à l'AFP lundi la Commission nationale des droits humains du pays d'Afrique de l'Est (KNCHR).

De plus en plus de voix accusent les autorités d'avoir multiplié les enlèvements et arrestations extrajudiciaires, voire des meurtres, d'opposants depuis les manifestations antigouvernementales de juin-juillet, durement réprimées.

"Nous demandons à la Cour pénale internationale d'intervenir (...) parce que le système juridico-sécuritaire du Kenya a échoué", a déclaré à l'AFP Ernest Cornel, responsable de la communication de la KNCHR.

"Ce sont les policiers qui sont accusés d'avoir perpétré les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires", a-t-il poursuivi.

"Il est impossible que les mêmes agents de sécurité accusés de ce crime puissent ensuite venir enquêter sur eux," a-t-il ajouté, tandis que son organisation a recensé depuis juin plus de 63 cas d'exécutions extrajudiciaires et 89 disparitions forcées - dont 29 sont encore portés disparus.

Bob Njagi et Aslam Longton, enlevés en août 2024, ont témoigné lors d'une conférence de presse dimanche avoir été victime de torture de la part d'agents de sécurité et vivre dans la peur depuis leur libération en septembre.

Ils ont déclaré avoir malgré cela avoir décidé de parler pour "protéger les autres Kényans de telles horreurs."

La semaine dernière, les corps de deux disparus, Justus Mutumwa et Martin Mwau, ont été identifiés dans une morgue de la capitale Nairobi. Le jour même, le chef de la police Douglas Kanja assurait devant un tribunal ne pas savoir où ils étaient.

Dancan Kyalo, frère de M. Mutumwa, a assuré que le corps de ce dernier présentait des traces de torture, son "front percé de cicatrices profondes, ses yeux percés", des marques visibles sur le poignet.

Un ministre, Justin Muturi (Services publics), a lui même accusé ce mois-ci les services de renseignement d'avoir brièvement kidnappé son fils en juin.

Pour la KNCHR, l'État kényan est responsable d'une "campagne de terreur".

En 2010, la CPI, basée à La Haye, avait commencé à enquêter sur les graves violences post-électorales de 2007 au Kenya, qui ont fait plus de 1.100 morts et 600.000 déplacés.

Six suspects, dont l'actuel président kényan et son prédécesseur, William Ruto et Uhuru Kenyatta, étaient poursuivis pour crimes contre l'humanité et meurtre. Des poursuites finalement abandonnées faute de preuves, tandis que l'ex-procureure Fatou Bensouda avait dénoncé une campagne "acharnée" d'intimidation de témoins.