Un migrant qui affirme avoir été torturé par un Libyen soupçonné de crimes de guerre a déposé une plainte auprès de procureurs, affirmant que la Première ministre italienne a permis au suspect d'être libéré, ont rapporté lundi des médias.
Le migrant originaire du Sud-Soudan, Lam Magok, affirme avoir été emprisonné dans un centre de détention de Tripoli dirigé par Osama Almasri Najim, chef de la police judiciaire libyenne recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour des accusations de meurtre, de viol et de torture.
Osama Almasri Najim a été arrêté le 19 janvier à Turin, dans le nord de l'Italie, en vertu d'un mandat de la CPI, avant d'être libéré et ramené à Tripoli à bord d'un avion de l'armée de l'air italienne deux jours plus tard.
M. Magok affirme avoir été battu et frappé par le chef de la police et ses gardes, selon les rapports, qui précisent que la Première ministre Giorgia Meloni et deux ministres de haut rang ont été cités dans sa plainte.
La plainte déposée à Rome pourrait donner lieu à une enquête de la part des procureurs.
"Le gouvernement italien a fait de moi une victime à deux reprises, réduisant à néant la possibilité d'obtenir justice pour toutes les personnes qui, comme moi, ont survécu à ses violences", a-t-il écrit, selon des passages de la plainte publiés par les médias locaux.
Ni l'avocat de M. Magok ni le gouvernement Meloni n'ont immédiatement répondu à une demande de commentaire ou de confirmation.
- Vive polémique en Italie -
Le rapatriement d'Osama Almasri Najim a provoqué une vive polémique politique en Italie, et un tribunal spécial envisage d'ouvrir une enquête sur Mme Meloni et ses ministres de la Justice et de l'Intérieur pour le rôle qu'ils auraient joué dans la libération du Libyen.
Mme Meloni a qualifié cette enquête de politiquement motivée. Lors d'une conférence de presse au Parlement la semaine dernière, M. Magok avait fait valoir que lui et d'autres migrants avaient été battus lorsqu'ils avaient tenté de fuir le centre de détention de Mitiga à Tripoli, dirigé par M. Najim.
Les policiers nous ont "battus, torturés pendant des jours", a déclaré M. Magok, selon l'agence de presse italienne Ansa, ajoutant qu'il avait été forcé de retirer les corps de migrants morts.
"C'est quelque chose que je n'oublierai jamais et il est impensable que l'on puisse être forcé à faire cela. Nous voulons que justice soit faite", a-t-il dit.
Le ministre de la Justice, Carlo Nordio, et le ministre de l'Intérieur, Matteo Piantedosi, sont cités dans la plainte de M. Magok.
M. Najim a été libéré après qu'une cour d'appel italienne a jugé qu'il ne pouvait être détenu en prison en raison d'un vice de forme impliquant que M. Nordio n'avait pas répondu à temps à la demande de la CPI.
M. Piantedosi a ensuite affirmé que le gouvernement n'avait pas d'autre choix que de rapatrier M. Najim parce qu'il était considéré comme trop dangereux pour rester en Italie.
Mme Meloni a également défendu l'expulsion du chef de la police judiciaire libyenne, demandant pourquoi la CPI n'avait émis le mandat que lorsqu'il était entré en Italie après avoir "passé une douzaine de jours au calme dans trois autres pays européens".