La Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) a demandé mardi à Malte de s'abstenir d'expulser un couple de Ouïghours vers la Chine, compte tenu des risques liés à leur appartenance à cette minorité musulmane.
Les requérants, identifiés sous leurs initiales A.B. et Y.W. et nés tous deux en 1986, avaient déposé en 2016 une demande d'asile à Malte, en invoquant la répression engagée par la Chine dans la région autonome du Xinjiang (nord-ouest).
Cette demande avait été rejetée et les requérants avaient été placés en détention début 2023 pour séjour illégal. Ils avaient alors saisi la CEDH, qui avait demandé en urgence au gouvernement maltais de ne pas les expulser. Ils avaient alors été libérés.
Dans un arrêt, la CEDH a estimé qu'un renvoi en Chine constituerait une violation de l'article 3 de la convention européenne des droits de l'homme (interdiction de la torture et des traitement inhumains ou dégradants).
Une telle violation interviendrait "si les requérants sont renvoyés en Chine sans que ne soit réalisée une appréciation (...) rigoureuse du risque qu'ils encourraient, en tant que demandeurs d'asile déboutés d'origine ouïghoure et de confession musulmane, en cas de retour dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang", ont estimé les juges de Strasbourg.
En 2020, la CEDH avait pris un arrêt similaire concernant cinq requérants ouïghours menacés d'expulsion par la Bulgarie.
L'Etat-parti chinois est accusé de détenir plus d'un million de Ouïghours et d'autres membres de minorités musulmanes dans des camps de cette région, dans le cadre d'une campagne que l'ONU a qualifiée de possible "crime contre l'humanité".
La Chine nie fermement ces accusations, affirmant que sa politique a permis d'éradiquer l'extrémisme religieux au Xinjiang et d'y favoriser le développement économique.
Les autorités chinoises ont détenu de nombreux Ouïghours ayant des liens avec l'étranger et confisqué leurs passeports, selon des chercheurs, des militants et des témoignages de membres de la diaspora.