Le projet de Donald Trump d'une prise de contrôle américaine de Gaza et d'un déplacement de sa population est une "forme de colonisation du XXIe siècle", a dénoncé mercredi la secrétaire générale de l'ONG Amnesty International auprès de l'AFP.
"C'est un cauchemar digne du XIXe siècle, quand les pays les plus puissants s'emparaient des moins puissants, une forme de colonisation du XXIe siècle", a réagi Agnès Callamard, qui a eu "le souffle coupé" en entendant les propos de Donald Trump.
Le président américain a annoncé mercredi, à la stupeur générale, vouloir prendre "le contrôle" de la bande de Gaza dévastée par la guerre et déplacer ses habitants en Jordanie ou en Egypte, malgré l'opposition de ces pays et des Palestiniens eux-mêmes.
Ce projet, qu'Amnesty International qualifie de "révoltant" et "illégal", a été condamné par de nombreux pays et par l'ONU, au moment où doivent reprendre les délicates négociations sur la poursuite de la trêve entre Israël et le Hamas.
"Les déclarations du président Trump appelant au déplacement forcé des Palestiniens hors de la bande de Gaza occupée doivent être condamnées largement et sans équivoque", avait soutenu Agnès Callamard un peu plus tôt dans un communiqué.
"Le langage utilisé (par Donald Trump) est incendiaire, scandaleux, et sa proposition constitue une violation flagrante du droit international", avait-elle dénoncé, l'accusant de "déshumaniser dangereusement" les Palestiniens de Gaza.
"Face aux dangereuses menaces du président Trump, il est plus important que jamais que le reste de la communauté internationale rejette catégoriquement ces propositions, et accélère les efforts diplomatiques, conformément au droit international", a défendu la secrétaire générale de l'organisation.
Comme d'autres ONG, Amnesty International accuse Israël de "commettre un génocide" contre les Palestiniens de Gaza, depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas le 7 octobre 2023. Une mise en cause rejetée avec force par le gouvernement israélien.
"Tout projet visant à expulser de force des Palestiniens hors du territoire occupé est un crime de guerre, et s'il est commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique contre la population civile, il constituerait un crime contre l'humanité", a affirmé Agnès Callamard.
"Ce plan ne pourra pas aboutir sans un recours extraordinaire à la force, et ce sera un désastre pour une population déjà victime d'un génocide, d'une occupation militaire et d'un système d'apartheid", a-t-elle poursuivi auprès de l'AFP.
cla-ylee/ybl