Est de la RDCongo: enquête lancée à l'ONU sur les exactions

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Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a facilement donné son feu vert vendredi à l'ouverture d'une enquête sur les exactions commises dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), en proie à une offensive éclair du groupe armé M23 et des troupes rwandaises.

"Aujourd'hui le monde tient à ce que la situation dans l'est de la RDC puisse se terminer rapidement. C'est aussi le signe que le monde veut que les bourreaux puissent être connus et punis", a réagi le porte-parole du gouvernement congolais Patrick Muyaya, auprès de journalistes à Genève.

"C'est le signe de la solidarité mondiale à nos populations qui sont en train maintenant de vivre sous occupation rwandaise", a-t-il ajouté.

Le projet de résolution présenté par la République démocratique du Congo a été adopté sans vote, à l'issue d'une session extraordinaire, par les 47 Etats membres du Conseil.

"Si rien n'est fait, le pire est peut-être encore à venir pour les habitants de l'est, mais aussi au-delà de la RDC", avait alerté pour sa part le chef des droits de l'homme de l'ONU, Volker Türk, affirmant que le risque d'escalade de la violence dans la région "n'a jamais été aussi élevé".

Kinshasa avait demandé cette réunion après que le M23 (("Mouvement du 23 mars"), soutenu par le Rwanda, a pris le contrôle de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu, région riche en ressources minières.

Officiellement, Kigali souhaite détruire les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Ce groupe armé, créé par d'ex-responsables hutu du génocide en 1994 des Tutsi, est considéré comme une menace par le Rwanda, qui affirme également vouloir protéger les minorités tutsi en RDC.

L'ambassadeur rwandais à Genève, James Ngango, a assuré au Conseil que "suite à la chute de Goma, de nouvelles preuves ont émergé concernant une attaque imminente de grande envergure contre le Rwanda".

Ses arguments n'ont pas été entendus.

"Le viol collectif de femmes à la prison de Goma le 27 janvier, s'il devait être confirmé, est susceptible de constituer un crime de guerre ; tout comme la mort de trois casques bleus de la Monusco, qui doit pouvoir exercer sa mission de protection des civils. Ces crimes ne doivent pas rester impunis", a déclaré l'ambassadeur français Jérôme Bonnafont.

La Chine condamne aussi "les attaques contre les civils et soldats de la paix", a indiqué son ambassadeur Chen Xu.

- Justice -

La résolution demande au M23 et au Rwanda "de mettre immédiatement fin aux violations des droits de l'homme et atteintes à ces droits ainsi qu'aux violations du droit international humanitaire dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu".

L'enquête sera menée en deux temps.

"Une mission d'établissement des faits" doit rapidement être montée par Volker Türk. Elle devra présenter un rapport complet dès septembre.

Ces experts devront notamment "recueillir, rassembler et analyser les preuves" des violations et "identifier, dans la mesure du possible, les personnes et les entités responsables", explique la résolution.

Une "commission d'enquête indépendante", le plus haut niveau d'enquête du Conseil, prendra ensuite le relais.

En plus de trois ans de conflit, l'armée congolaise, réputée mal formée et minée par la corruption, n'a cessé de reculer dans l'est du pays.

"Depuis le 26 janvier, près de 3.000 personnes ont été tuées et 2.880 blessées. Les chiffres réels sont probablement beaucoup plus élevés", a indiqué M. Türk, se disant "très préoccupé par la prolifération d'armes et le risque élevé de recrutement et de conscription forcée d'enfants".

Son équipe vérifie les multiples allégations de viol et d'esclavage sexuel à travers les zones de combat.

La communauté internationale et des pays médiateurs comme l'Angola et le Kenya tentent de trouver une issue diplomatique à la crise, craignant un embrasement régional. Kinshasa réclame des sanctions contre Kigali.