Le docteur Kabirima a été reconnu coupable d'« organisation du génocide, incitation à commettre le génocide, établissement de listes de tutsis à tuer et distribution d'armes traditionnelles et armes a feu », selon plusieurs sources concordantes présentes au procès.
Ces crimes ont été commis dans l'actuel district de Nyaruguru, dont il est originaire et où s'est déroulé le procès.
En 2007, un tribunal gacaca local l'avait condamné par contumace à 30 ans d'emprisonnement. A son retour d'exil en mars 2011, Kabirima avait déjà eu droit à deux révisions successives de son procès: il a d'abord été acquité, puis condamné à 19 ans d'emprisonnement.
Le même tribunal a également condamné à 6 mois d'emprisonnement Athanase Mudatinya et Vincent Nzirabatinya, deux témoins à décharge reconnus coupables de parjure.
Après 1994, M. Kabirima s'était refugié au Kenya où il enseignait dans une université locale.
Ce procès est l'un des derniers à être tranchés par les juridictions gacaca dont la clôture effective est prévue le 4 mai prochain.
La clôture des travaux de ces tribunaux semi-traditionnels qui ont jugé plus d'un million de personnes, a été reportée plusieurs fois depuis 2007 suite, selon le Service national des juridictions gacacas (SNJG), à la découverte de nouveaux faits et à la complexité de certaines affaires.
Inspirés des anciennes assemblées villageoises lors desquelles les sages, assis sur le gazon (gacaca, en langue rwandaise) réglaient les différends, les gacacas sont chargées de juger les auteurs présumés du génocide à l'exception de planificateurs de haut niveau (national et provincial) relevant de la compétences de la justice conventionnelle.
Les juges gacacas ne sont pas des magistrats professionnels mais « des personnes intègres » élues parmi la communauté. Certains d'entre eux ont cependant été eux-mêmes accusés de génocide, puis jugés et condamnés ou acquittés. D'autres encore ont été surpris en flagrant délit de corruption par des accusés ou des proches de ces derniers.
Le système a été souvent critiqué par des organisations des droits de l'homme comme Human Rights Watch et Amnesty qui ont dénoncé un large éventail de violations des principes de l'équité. Kigali a toujours rétorqué qu'il s'agit d'une solution « made in Rwanda » à un problème rwandais et a mis quiconque au défi de lui proposer mieux pour vider le très lourd contentieux du génocide.
SRE/GF
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