Une douzaine de personnes sont mortes en détention depuis la "révolution" de l'été dernier au Bangladesh, notamment à la suite de tortures ou de blessures par balle, a annoncé mercredi Odhikar, une des principales organisations de défense des droits humains du pays.
Odhikar appelle le gouvernement provisoire à la tête du pays depuis l'éviction, en août dernier, de la Première ministre Sheikh Hasina, à ne pas laisser ces crimes impunis.
"Les personnes impliquées dans les exécutions extrajudiciaires doivent être traduites en justice", a déclaré à l'AFP le directeur d'Odhikar, ASM Nasir Uddin Elan.
L'organisation a détaillé la manière dont les forces de sécurité ont commis, au cours des 15 ans de règne de Mme Hasina, des meurtres en grand nombre pour renforcer son pouvoir et ont continué à se livrer à de graves violations des droits humains depuis la chute du régime.
Mme Hasina a fui en hélicoptère le 5 août le Bangladesh et s'est réfugiée en Inde, provoquant la colère de nombreux Bangladais déterminés à ce qu'elle soit jugée, notamment pour crimes contre l'humanité.
Depuis son départ, les forces de sécurité bangladaises ont procédé à des arrestations en nombre de membres de l'Awami League, le parti de Mme Hasina et de fidèles de l'ancien gouvernement.
Selon Odhikar, 12 personnes sont décédées entre le 9 août et le 31 décembre 2024.
Les forces de sécurité du Bangladesh "enquêtent sur tous les cas", a assuré Sami-Ud-Dowla Chowdhury, directeur des relations publiques pour les forces armées, à l'AFP.
"Les exécutions extrajudiciaires doivent être empêchées à tout prix", a souligné M. Elan, estimant que "même les amis du régime fasciste ont droit à la justice".
Trois des personnes décédées étaient aux mains de la police et les autres étaient sous le contrôle d'autres unités de sécurité, y compris les forces armées et le redouté Bataillon d'Action Rapide (RAB) paramilitaire.
Au moins sept victimes sont mortes après avoir subi des tortures, et quatre ont été blessées par balle, affirme Odhikar.
Une autre personne a été battue avant d'être poussée d'un pont par la police, a-t-il ajouté.
Parmi elles, Elahi Sikdar, 18 ans, un habitant de la ville de Gopalganj, soupçonné d'avoir attaqué des militaires.
Après son arrestation, son corps, qui portait des traces de blessures, a été retrouvé dans un hôpital.
Son frère Kudrat Sikdar a déclaré que, comme de nombreuses familles, ils ne porteraient pas plainte car "nous avons accepté sa mort comme une destinée".
Après la publication de ce rapport, le porte-parole de la police bangladaise Inamul Haque Sagar a déclaré à l'AFP que les policiers avaient reçu l'ordre de "s'abstenir d'activités au-delà de leur compétence".
Les forces armées se sont vu accorder des pouvoirs judiciaires similaires à ceux de la police afin de faire appliquer la loi - notamment le droit de procéder à des arrestations - après la "révolution" menée par des étudiants.
Le chef d'Etat major de l'armée, le général Waker-Uz-Zaman, s'est dit inquiet si ce rôle était maintenu.
"Plus nos hommes restent sur le terrain, plus il y a de risque qu'ils soient confrontés à des activités illégales," a-t-il déclaré au journal Prothom Alo.