La campagne « Kony2012 » invite les sympathisants à écrire aux décideurs et à coller des affiches sur les murs des grandes capitales occidentales dans la nuit du 20 au 21 avril 2012, après s'être procuré un kit, vendu 20 US$ pièce, composé notamment de posters à l'effigie du chef de la LRA, montrant, en arrière-plan, les visages d'Usama Ben Laden et d'Adolph Hitler.
Poursuivi depuis 2005 pour crimes contre l'humanité par la Cour pénale internationale (CPI), le chef de l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) est toujours en fuite et ses troupes, composées en partie d'enfants enlevés et forcés à combattre, poursuivent leurs exactions en République démocratique du Congo (RDC) et en Centrafrique.
Pour mobiliser, Invisible Children a diffusé une vidéo de 30 minutes sur Youtube. Le 7 mars, Kony2012 battait des records sur Twitter et la vidéo enregistrait plus de 4,2 millions de visiteurs.
« Nous utilisons la puissance des médias pour susciter chez les jeunes l'envie d'aider à mettre fin au plus long conflit armé en Afrique », explique Jason Russel, l'auteur du film.
Formée en 1986 au nord de l'Ouganda, pour s'opposer à la prise du pouvoir par Yoweri Museveni, la rébellion s'est rendue coupable des pires exactions, dont l'enlèvement de milliers d'enfants contraints à combattre.
Suite aux mandats émis par la Cour, les chefs de la LRA avaient accepté de négocier et annoncé la cessation des combats en août 2006. Mais faute d'accord, les exactions reprenaient en décembre 2008, cette fois en République démocratique du Congo, en Centrafrique et au Sud Soudan. Le nord de l'Ouganda a depuis retrouvé un calme certain.
En octobre 2011, Barack Obama décidait, après un vote du Congrès, de déployer une centaine de conseillers militaires américains dans la région pour soutenir les troupes ougandaises, congolaises et centrafricaines engagées dans la lutte contre la LRA. « Nous craignons qu'à moins que les efforts actuels américains soit étendus, votre stratégie pourrait ne pas réussir », écrivent Invisible Children, Enough Project et Resolve dans un courrier adressé à Barack Obama le 7 mars.
Interrogé par Hirondelle, Tim Allen, chercheur à la London School of Economics, spécialiste de la LRA, explique : « comme toutes les personnes qui ont travaillé sur la LRA, je suis un fan d'Invisible Children et je trouve fantastique leur façon de mobiliser les jeunes. Mais je connais aussi la façon dont ils manipulent les faits ». Invisible Children n'hésite pas à grossir le trait pour diaboliser un peu plus le chef de guerre.
Aux Etats-Unis, les principales critiques de cette campagne portent sur la simplification à outrance d'un dossier difficile à comprendre si l'on en néglige la dimension ethnique et sur le blanc-seing de facto donné au président ougandais Yoweri Museveni dont la responsabilité dans la poursuite du conflit n'est jamais mentionnée. Plusieurs commentateurs déplorent également le néocolonialisme bien-pensant d'une démarche appelant in fine à une intervention militaire,
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