Dans une lettre en anglais au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, datée du 2 février, HRW explique que Gambari a enfreint les règles de l'ONU à l'occasion du mariage du président tchadien Idriss Déby, le 20 janvier dernier à Khartoum.
Le président tchadien épousait à Khartoum la fille de Moussa Hilal, l'un des chefs supposés de la milice Janjaweed, longtemps active au Darfour et réputée proche du pouvoir soudanais.
« Les images de Monsieur Gambari embrassant le président el-Béchir ont largement circulé, montrant aux victimes du Darfour que le chef de la MINUAD (Mission conjointe UA-ONU) fraternise avec des criminels de guerre présumés », explique la lettre.
Le chef de l'Etat soudanais est sous le coup de deux mandats d'arrêt de la CPI pour crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au Darfour, dans l'ouest de son pays.
HRW rappelle les directives de l'ONU selon lesquelles les responsables de l'organisation ne doivent entrer en rapport avec des personnes inculpées par la CPI que dans le strict cadre de l'exécution de leur mandat. Or, estime l'organisation, l'accolade avec el-Béchir, à l'occasion du mariage d'Idriss Déby, ne rentrait pas dans ce cadre restreint.
Pour l'organisation, la présence de Béchir était prévisible et le diplomate onusien aurait pu éviter « cette situation qui a blessé les victimes au Darfour et nui à la réputation de l'ONU ». La lettre conclut: « Nous espérons que vous évoquerez formellement ces préoccupations avec Gambari et prendrez les mesures appropriées pour éviter une répétition de ces événements ».
HRW rejette les explications du département des opérations de maintien de la paix de l'ONU selon lesquelles Gambari était l'hôte du président tchadien et n'avait pas aucun contrôle sur la liste des invités.
En dépit des deux mandats d'arrêt de la CPI, Omar el-Béchir circule sans être inquiété dans de nombreux pays africains. L'Union africaine a demandé aux Etats membres de ne pas exécuter ces mandats d'arrêt.
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