Le gouvernement soudanais, proche de l'armée, a accusé le Kenya de violer sa souveraineté en accueillant des paramilitaires rivaux prévoyant de proclamer un gouvernement parallèle, a indiqué un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l'armée régulière depuis près de deux ans, prévoient d'annoncer la formation d'un gouvernement parallèle dans les zones qu'ils contrôlent au Soudan, lors d'une réunion vendredi à Nairobi, ont confié des sources des FSR à l'AFP.
Le ministère soudanais des Affaires étrangères, allié au chef de l'armée Abdel Fattah al-Burhane, a dénoncé mardi cet événement, affirmant qu'il "favorisait le démembrement des Etats africains, violait leur souveraineté et s'ingérait dans leurs affaires intérieures".
Depuis avril 2023, la guerre entre l'armée et les FSR a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et engendré un désastre humanitaire.
Elle a également déchiré le pays, l'armée contrôlant l'est et le nord du Soudan, et les FSR dominant la quasi-totalité de la région occidentale du Darfour et des pans du sud.
Ces dernières semaines, l'armée a mené une offensive dans le centre du Soudan, reprenant des villes-clés et la quasi-totalité de Khartoum, la capitale.
Les FSR, en décidant de signer une charte avec des factions politiques alliées pour instaurer un gouvernement sur les territoires qu'elles contrôlent, cherchent à consolider leur emprise sur le Darfour.
L'armée et les FSR sont toutes deux accusées de crimes de guerre, mais les paramilitaires se distinguent par des exécutions de masse à caractère ethnique, des violences sexuelles et de graves violations des droits humains sur leurs territoires.
En janvier, les Etats-Unis ont qualifié leurs actions au Darfour de génocide, sanctionné leur commandant Mohamed Hamdane Daglo, avant de sanctionner aussi le général Burhane pour crimes de guerre.
Le ministère soudanais des Affaires étrangères a accusé le Kenya de "cautionner les atrocités (des FSR) et d'en être complice" en permettant à ces dernières de s'exprimer.
L'événement était initialement prévu mardi au Centre international de congrès Kenyatta de Nairobi, propriété de l'Etat, mais a été retardé de plusieurs heures après le début prévu, ont rapporté des journalistes de l'AFP.
Le général Daglo lui-même, qui est resté invisible pendant la majeure partie de la guerre, a atterri au Kenya et est attendu vendredi à la réunion, ont indiqué à l'AFP des sources impliquées dans l'organisation de l'événement.