Thomas Lubanga a été jugé coupable d'avoir enrôlé des enfants dans ses troupes et de les avoir envoyés au front.
Vêtu d'un élégant boubou blanc brodé, Thomas Lubanga a écouté, tendu, le poing serré contre ses lèvres, le verdict rendu par les juges.
Selon les juges, il a participé à un plan, conduit du 1er septembre 2002 au 13 août 2003, visant à s'emparer militairement et politiquement de l'Ituri. Pour réaliser ce plan, il lui fallait recruter des soldats, et parmi eux, des jeunes de moins de 15 ans.
A La Haye, de nombreuses organisations non gouvernementales étaient présentes à la lecture du jugement. Spécialiste des guerres du Congo pour Human Rights Watch (HRW), Anneke Van Woundenberg a salué le jugement comme « une grande victoire pour les enfants soldats du Congo et partout dans le monde. ». Une réaction partagée, notamment par l'actrice et réalisatrice américaine, Angelina Jolie, présente dans la galerie du public, comme lors des plaidoiries finales, en août 2011.
Quelques points du jugement délivré par les juges suscitent cependant des réactions plus nuancées. La chambre a estimé que le conflit auquel avait participé la milice de Thomas Lubanga était un conflit interne. Or l'UPC était soutenue par des puissances régionales, d'abord le Rwanda, puis l'Ouganda, qui ont conduit une guerre féroce par l'intermédiaire de milices pour s'emparer des richesses de l'est du Congo.
« C'est une surprise, estime Anneke Wan Woundenberg. Il est clair que le conflit au Congo est international. Mais ce qui est important, maintenant, c'est que le procureur continue et poursuive ses enquêtes pour savoir qui a soutenu les groupes armés en Ituri, d'où viennent les armes que les groupes armés ont utilisées, qui a financé ces groupes armés. S'il conduit ce type d'enquête, cela le conduira en Ouganda, au Rwanda et, bien sûr, à Kinshasa », affirme-t-elle.
Les juges ont aussi estimé que des filles enrôlées par Thomas Lubanga avaient été victimes de violences sexuelles, mais n'ont toutefois retenu aucune charge sur ce point contre le chef de milice, puisque le procureur ne l'avait pas inculpé de ces faits. Pour Carla Ferstman, de l'organisation Redress, « c'est un résultat malheureux dû à l'étroitesse de la politique d'accusation du procureur ».
Thomas Lubanga a regagné sa cellule de la prison de Scheveningen, en banlieue de La Haye, face à la mer du Nord. La sentence ne sera pas délivrée avant plusieurs semaines. Il poura faire appel. Après quoi, la Cour organisera le premier procès en réparation en faveur des victimes de Thomas Lubanga.
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