Maître Haynes en a profité pour épingler l’accusation, affirmant que les témoins de Jean-Pierre Bemba ne présenteront pas des « connaissances de deuxième mains », contrairement à ceux du procureur. « Ce seront des témoins qui ont une connaissance directe des opérations en Centrafrique », a-t-il affirmé.
Avant l’audition des arguments de la défense, la chambre entendra deux autres témoins appelés par les représentants des victimes. Trois autres victimes, parmi les 2751 représentées dans le procès, « exposeront leurs vues ». Elles ne déposeront pas sous serment et ne seront pas contre interrogées par les parties. Les juges n’ont pas encore arrêté leur décision, mais suggèrent que ces trois victimes s’expriment soit par écrit, soit par vidéo-conférence depuis Bangui.
Plaidant pour une audition par vidéo conférence, maître Assingambi Zarambaud a rappelé que « la CPI a innové en permettant aux victimes de participer à ces procès. La jurisprudence veut que cette participation soit effective et efficiente. Au départ, nous avions demandé de présenter 17 victimes, soit pour témoigner, soit pour présenter leurs vues et préoccupations. La défense avait estimé que cela serait trop long. En réalité, je pense que la longueur de ce procès n’est ni le fait de la chambre, ni de l’accusation, ni le fait des représentants légaux. Cela est dû à l’étendue des lieux où se sont commis les crimes. Cela est dû au nombre important des victimes. »
Concernant les deux témoins qui déposeront sous serment, l’Unité des victimes et témoins a expliqué qu’elle devait encore mettre en place des procédures pour la délivrance de passeports biométriques. Interrogée par la présidente de la chambre, Sylvia Steiner, maître Marie-Edith Douzima Lawson a indiqué qu’à ce jour, les victimes appelées à témoigner « n’ont pas demandé de mesures de protection ».
Le procès de Jean-Pierre Bemba a débuté le 22 novembre 2010. Le procureur a bouclé la présentation de ses preuves le 20 mars 2012. Le sénateur congolais est poursuivi pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Centrafrique en 2002 et 2003. Arrêté en Belgique, il a été transféré aux Pays-Bas, siège de la CPI, début juillet 2008.
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