26.04.12 - TSSL/TAYLOR - TAYLOR RECONNU COUPABLE DE 11 CHEFS, MAIS SON AUTORITE SUR LE RUF N'EST PAS PROUVEE

Arusha, 26 avril 2012 (FH) – Le Tribunal spécial pour la Sierra Leone a jugé jeudi l'ancien président du Libéria Charles Taylor coupable de 11 chefs d’accusation de crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour son rôle durant la guerre civile, en Sierra Leone. Le jugement souligne cependant que le procureur n’a pas prouvé au-delà de tout doute raisonnable l’allégation selon laquelle Taylor exerçait une quelconque autorité ou un contrôle effectif sur les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF).

1 min 48Temps de lecture approximatif

 

La chambre présidée par le juge Richard Lussick a conclu que Taylor avait aidé et encouragé la perpétration des crimes, en apportant un appui militaire, opérationnel et financier aux rebelles sierra-léonais du RUF.

 Selon le jugement, ces rebelles recouraient délibérément aux meurtres, viols, esclavage sexuel, tortures, traitements inhumains et dégradants et autres exactions.

Taylor en était informé, du moins depuis qu’il était président du Libéria (août 1997), a estimé la chambre. C’est donc, en connaissance de cause qu’il leur a livré armes et munitions, matériel de communication et argent.

Il leur a même prodigué des conseils opérationnels et apportés des renforts en hommes, ajoutent les juges. Le jugement souligne cependant que le procureur n’a pas prouvé au-delà de tout doute raisonnable l’allégation selon laquelle Taylor exerçait une quelconque autorité ou un contrôle effectif sur ces rebelles. 

Charles Taylor, 64 ans, est resté impassible durant la lecture du verdict qui était retransmis en direct au siège du TSSL à Freetown, la capitale de Sierra Leone.

Ouvert le 4 juin 2007, le procès de l’ancien dictateur libérien a pris fin en mars 2011. Au cours du procès, le procureur a appelé 94 témoins et la défense 21, dont Charles Taylor lui-même, qui avait déposé sous serment pendant sept mois. 

Emis en mars 2003, l’acte d’accusation était resté secret jusqu’à ce que Charles Taylor, menacé par l’avancée des forces rebelles libériennes, accepte de quitter le pouvoir, en août 2003, dans le cadre de négociations de paix menées sous l'égide de chefs d'Etats africains.  Le Nigéria lui avait offert l'asile politique. En dépit des assurances du président Olusegun Obasanjo, Charles Taylor avait cependant été arrêté au Nigéria, à la frontière avec le Cameroun, fin mars 2006. 

A la demande de la présidente du Libéria, Ellen Johnson Sirleaf, qui craignait que le procès ne déstabilise la région, Charles Taylor a été jugé à La Haye. Les Pays-Bas avaient accepté d’accueillir le Tribunal spécial sur leur sol à la condition que Charles Taylor purge sa peine dans un pays tiers s’il était condamné. Le Royaume-Uni s’est porté candidat. 

La peine sera prononcée le 30 mai.

ER/GF