04.05.12 - TSSL/TAYLOR - LE PROCUREUR REQUIERT 80 ANS CONTRE CHARLES TAYLOR

La Haye, 4 mai 2012 (FH) – Le procureur du Tribunal spécial pour la Sierra Léone (TSSL) a requis une peine de 80 ans contre Charles Taylor, dans son mémoire déposé en attendant l’audience sur la fixation de la peine prévue le 16 mai. L’ancien président du Libéria avait été reconnu coupable, le 26 avril, de crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis en Sierra Léone entre 1996 et 2002.

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Dans ses réquisitions, le procureur estime que « la brutalité et l’impact [des crimes commis] sur les victimes devrait être reflété dans la sentence de M. Taylor » (The brutality and impact on the victims should be reflected in M. Taylor sentence), avant d’énumérer le long chapelet des exactions commises par les rebelles de Sierra Léone, soutenus par Charles Taylor, dont les exécutions publiques, les amputations de civils, l’affichage de têtes décapitées aux check-points, les meurtres, l’éventration de civils dont les intestins ont été tendus au travers de la route en guise de barrages, le viol public de femmes et de filles, les personnes brûlées vives dans leurs maisons, etc.

En reconnaissant l’ex-président du Libéria coupable de ces crimes pour avoir soutenu, armé et financé les rebelles sierra-léonais du Front révolutionnaire uni (RUF), les juges ont cependant estimé qu’il n’était pas leur chef et n'avait pas sur eux d'autorité hiérarchique.

Les chefs du RUF étaient Foday Sankoh, mort dans sa cellule avant d’avoir été jugé, et Sam Bockarie, avec lequel M.Taylor a planifié « le chapitre le plus sanglant de la guerre en Sierra Léone - l’invasion de Freetown – et les attaques connexes de Kono et Makeni », selon  le procureur.

Le procureur, qui estime qu’il n’existe aucune circonstance atténuante, décrit Taylor comme un « Janus à deux têtes », qui lors des négociations de 1996 promouvait la paix tout en fournissant des armes aux rebelles et était intervenu « sous la pression internationale », pour faire libérer les casques bleus pris en otages par le RUF en mai 2000, tout en fournissant du matériel aux rebelles.

Dans son réquisitoire, le procureur note que devant des juridictions nationales, il n’est pas inhabituel de condamner quelqu’un à vie pour un meurtre. Si la chambre devait imposer « une année de prison pour chacune des victimes de meurtre, amputation ou viol, la sentence serait de plusieurs milliers d’années ».

Les audiences pour la fixation de la sentence se dérouleront le 16 mai. La peine sera prononcée le 30 mai.

SM/ER/GF