France: la demande de réparation d'un travailleur forcé en Allemagne de nouveau rejetée

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La justice administrative française a une nouvelle fois rejeté mardi la demande d'un centenaire, envoyé à 20 ans en Allemagne dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO) et qui réclamait une indemnisation de l'Etat pour ses deux années de travail forcé outre-Rhin.

Au total, entre 600 et 700.000 Français sont partis en Allemagne dans le cadre du STO. Si certains l'ont fait volontairement - souvent trompés par la propagande du régime français Vichy - l'immense majorité ont été emmenés contre leur gré.

Aujourd'hui âgé de 102 ans, Albert Corrieri réclamait 43.200 euros (soit 10 euros de l'heure) au titre de sa rémunération pour la période de travail accomplie à Ludwigshafen du 13 mars 1943 au 15 avril 1945.

Employé comme plombier dans un restaurant à Marseille, dans le sud-est de la France, il avait été emmené, à 20 ans, dans le cadre du STO institué par le gouvernement français pour répondre aux exigences allemandes de main-d'oeuvre.

Interné dans un camp, il chargeait des wagons de charbon pour soutenir l'effort de guerre allemand. Il avait été blessé au bras lors des bombardements alliés.

Dans sa décision, le tribunal administratif de Marseille rappelle que M. Corrieri s'est vu reconnaître en 1957 "la qualité de personne contrainte au travail en pays ennemi" lui donnant droit à une "indemnité forfaitaire", contre laquelle un éventuel recours est prescrit.

A l'audience du 25 février, l'avocat de M. Corrieri, Me Michel Pautot, avait plaidé "l'imprescribilité" du STO, considérant que son client avait été victime de "déportation", reconnue comme un crime contre l'humanité, et donc "imprescriptible par nature".

Or, a estimé le tribunal administratif, "M. Corrieri n'a pas la qualité de déporté au sens de la loi du 25 décembre 1964", qui renvoie à la charte de Nuremberg de 1945 et définit "de façon limitative" les crimes contre l'humanité. "Il ne peut davantage revendiquer le bénéfice de l'article 212-1 du code pénal qui définit et réprime certains crimes contre l'humanité, dans la mesure où ce texte est entré en vigueur le 1er mars 1994", soit plus de 50 ans après les faits.

"Même présentée plus de 80 ans après les faits, la demande d'Albert Corrieri aurait dû prospérer", a réagi son avocat dans un communiqué, estimant que "la faute de l'Etat dans la déportation de centaines de milliers de concitoyens n'a pas été prise en compte".

"Albert Corrieri veut continuer son combat pour l'Histoire et la mémoire de ses concitoyens", a ajouté Me Pautot annonçant son intention de "saisir le président de la République".

Le 5 février, le tribunal administratif de Nice (sud-est) avait déjà rejeté une requête similaire déposée par un autre ancien du STO, Erpilio Trovati, âgé de 101 ans, également défendu par Me Pautot. Une décision contre laquelle l'avocat a fait appel.