21.05.12 - CPI/KATANGA - KINSHASA VOULAIT REPRENDRE BOGORO AUX MILICES PRO-OUGANDAISES (DEFENSE)

La Haye, 21 mai 2012 (FH) – La défense de Germain Katanga a prononcé, lundi 21 mai, ses plaidoiries finales devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI). Pour les avocats du milicien congolais, l’attaque de Bogoro est née « du désir de Kinshasa et du gouvernement central, à 2000 km de Bogoro, de rependre les territoires orientaux » tombés aux mains de l’Union des patriotes congolais (UPC), milice soutenue par l’Ouganda puis par le Rwanda.

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Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo sont poursuivis pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre commis lors de l’attaque de Bogoro, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le 24 février 2002.  Selon la défense, leur milice était, à l’époque, soutenue par Kinshasa.

Pour maître David Hooper, « l’attaque du 24 février n’était pas le tableau dressé par l’accusation d’un chef de guerre puissant, Germain Katanga, tombant sur le village de Bogoro comme les loups sur le troupeau pour étancher sa soif de vengeance ethnique ». Lyrique, l’avocat anglais a poursuivi : « Il y avait des intérêts bien plus puissants (…) que lui ».

L’avocat a affirmé que Kinshasa avait ainsi passé un accord avec Mbusa Nyamwisi, alors chef d’une autre milice, le RCD-KML. « Mbusa est devenu ministre dans le gouvernement de Kabila », a rappelé l’avocat.  

La défense affirme que Germain Katanga n’avait pas le contrôle sur l’opération conduite à Bogoro, qui, selon le procureur, aurait entraîné la mort de près de 200 civils. Pour le docteur Caroline Buisman, « le procureur fait l’amalgame entre un plan légitime et un plan criminel ». Le plan criminel « était orchestré par Kinshasa » a-t-elle affirmé, ajoutant que la défense accepte que l’accusé ait participé à un plan légitime, et ne nie pas la mort de civils à Bogoro.

Mais la défense s’oppose à la vision strictement ethnique du conflit présentée par le procureur. Germain Katanga n’avait pas de « haine des Hemas » a ajouté Caroline Buisman, « il se battait contre les Ougandais ».

Maître Andreas O’Shea s’est penché sur la nature du conflit, estimant que les combats en Ituri relèvent d’un conflit international. « La réalité est que l’Ouganda et le Rwanda avaient, en fait, le contrôle global sur l’UPC » qui disposait d’une base à Bogoro.

Bosco Ntaganda, sous le coup d’un mandat d’arrêt de la Cour, « était le commandant de l’UPC » à l’époque, a précisé maître Hooper et « il faisait le sale boulot du Rwanda dans le Kivu ».

La défense a aussi critiqué la qualité de l’enquête du procureur, lui reprochant de n’avoir conduit aucune exhumation, de n’avoir pas rencontré les féticheurs, « qui sont essentiels dans cette culture », et estimé que de nombreux témoins n’étaient pas crédibles.

Les conclusions finales se poursuivront demain avec l’audition des avocats de Mathieu Ngudjolo, co-accusé.

SM/ER/GF