Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, s'est dit mercredi "profondément choqué" par les informations rapportant la mort de centaines de civils lors de frappes aériennes menées lundi par les forces armées soudanaises sur un marché du Darfour, au Soudan.
"Mon bureau a appris que treize des personnes tuées appartenaient à une même famille et que certains blessés mouraient faute d'accès aux soins", a déclaré M. Turk dans un communiqué, ajoutant que de tels actes "ne doivent jamais être banalisés".
"Les attaques indiscriminées contre les civils et les biens civils sont inacceptables et peuvent constituer des crimes de guerre", a-t-il ajouté.
Un groupe indépendant documentant les violations au Soudan a accusé mardi l'armée d'avoir mené lundi une frappe contre un marché à Tora, dans l'Etat du Darfour-nord (ouest du pays), une ville aux mains des paramilitaires.
"Nous avons compté 270 corps enterrés et 380 blessés", a déclaré mardi à l'AFP un habitant de Tora et un autre a confirmé ce bilan. Ces deux témoins ont refusé d'être identifiés pour des raisons de sécurité.
Cette frappe pourrait s'avérer l'une des plus meurtrières de la guerre.
Le groupe Emergency Lawyers, ainsi que les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR), en guerre contre l'armée depuis avril 2023, ont fait état de centaines de morts dans cette attaque.
Déclenchée en avril 2023, la guerre au Soudan oppose les paramilitaires des FSR de Mohamed Hamdane Daglo à l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, deux anciens alliés devenus rivaux. Elle a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné plus de 12 millions de personnes et provoqué une crise humanitaire majeure.
"Nous avons également reçu des informations selon lesquelles, après l'attaque, des membres des FSR ont arrêté et détenu arbitrairement des civils à Tora", a-t-il ajouté.
Le haut-commissaire des Nations unies a déclaré que, malgré ses avertissements répétés et ses appels aux forces armées soudanaises et aux forces des FSR pour protéger les civils, ceux-ci "continuent d'être tués de manière indiscriminée, mutilés et maltraités presque quotidiennement, tandis que les infrastructures civiles restent une cible bien trop fréquente".
Il a exhorté les deux camps à prendre toutes les mesures possibles pour éviter de nuire aux civils et d'attaquer les infrastructures civiles.
"Il doit y avoir une pleine responsabilité pour les violations commises lors de cette dernière attaque, ainsi que pour les nombreuses autres attaques contre des civils qui l'ont précédée".