Avocate désignée par les juges de la Cour pour défendre Saïf Al-Islam Kadhafi, Melinda Taylor devait rencontrer son client dans le cadre des procédures en cours opposant la CPI à Tripoli, qui souhaite juger le suspect sur son sol. L’avocate australienne a été arrêtée et placée en résidence surveillée pour « espionnage » et son interprète, Hélène Assaf, pour « complicité ». Esteban Peralta, le chef de la section juridique du Greffe et Alexander Khodakov, un ancien diplomate russe chargé des relations internationales au sein du Greffe, ont aussi été placés en résidence surveillée.
Responsable des relations entre la Libye et la CPI, Ahmed Jehani a affirmé que « l’avocate a tenté de remettre [à Saïf Al-Islam] des documents, des lettres qui constituent un danger pour la sécurité de la Libye ». Des documents qui émaneraient de Mohammed Ismail, l’ancien bras droit de Saïf Al-Islam.
Samedi, le président de la Cour, Sang-Hyun Song a exigé leur libération immédiate. Dans un communiqué, le juge sud-coréen a déclaré être très « préoccupé ». « Ces quatre fonctionnaires civils internationaux bénéficient des privilèges et immunités quand ils sont en mission officielle pour la CPI », a-t-il ajouté, avant d’appeler « les autorités libyennes à prendre sans délai toutes les mesures nécessaires pour garantir leur sûreté et leur sécurité et pour les faire libérer immédiatement ».
Interrogé par Hirondelle, le chef du Bureau public de la défense, Xavier-Jean Keita, s’est déclaré « gravement inquiet » de la situation, estimant qu’il s’agissait d’une « détention arbitraire ». Peu après l’arrestation, « on nous a dit qu’ils étaient détenus sur ordre du procureur général et ils nous ont donné des assurances qu’ils seraient libérés rapidement ».
Depuis plusieurs semaines, les autorités libyennes tentent d’obtenir le transfèrement de Saïf Al-Islam vers une prison de Tripoli. Mais la brigade de Zenten, qui détient le fils du défunt Guide libyen depuis son arrestation, le 20 novembre 2011, refuse. Interrogé par Reuters sur le sort des quatre responsables de la Cour, le chef de la milice, Alajami Ahmed Al Attiri, a déclaré avoir « reçu un certain nombre d’appels du gouvernement nous ordonnant de les relâcher. Mais nous sommes nationalistes et nous avons refusé ».
De son côté, la Coalition des ONG (CICC) a appelé « le Conseil de sécurité des Nations unies, autorité qui a référé la situation en Libye à la CPI en premier lieu, à faire tout son possible pour assurer la libération, en toute sécurité, des membres de la CPI ».
Le 1er mai, la Libye avait enclenché une procédure pour obtenir de la Cour l’autorisation de juger Saïf Al-Islam Kadhafi devant ses propres juridictions. Les débats sont toujours en cours. M. Kadhafi est suspecté, par la Cour, de crimes contre l’humanité commis depuis le début de la révolte en Libye, en février 2011.
SM/GF