Semaine chargée pour l'Eglise de France, entre nouveau président et lutte contre les violences sexuelles

Un colloque sur la lutte contre les violences sexuelles et l'élection d'un nouveau président: la semaine s'annonce dense pour l'Eglise catholique, qui réunit à Lourdes son assemblée de printemps.

Cette assemblée plénière, qui s'ouvre mardi soir, votera pour renouveler l'ensemble de la direction de la Conférence des évêques de France (CEF), puisque Eric de Moulins-Beaufort, son président élu en 2019, arrive au terme de son deuxième mandat le 30 juin.

Qui pour lui succéder? Même s'il faut rester très prudent, un nom revient dans la presse et au sein de l'Eglise: celui de l'archevêque de Marseille Jean-Marc Aveline, l'une des figures de l'Eglise les plus identifiées du grand public depuis qu'il a reçu le pape à Marseille, en septembre 2023.

"Il y a un vrai espoir de voir arriver Aveline au sein de la Conférence. La vraie question, c'est si lui décide d'y aller...", estime un évêque.

Décrit comme "très apprécié" de ses pairs et "fin politique" au sein de l'Eglise, l'archevêque de Marseille a déjà beaucoup à faire puisqu'il est aussi membre des deux dicastères (l'équivalent d'un ministère pour le Saint-Siège), ce qui l'appelle très régulièrement à Rome. Il s'est d'ailleurs progressivement fait une place au Vatican, au point de rejoindre les listes - très aléatoires - de "papabili".

- "Changement de culture" -

L'élection se fera à la majorité des deux tiers, et l'assemblée plénière renouvellera aussi toute la direction de la CEF, dont les vice-présidents et le secrétaire général.

Avant cela, la semaine commencera lundi par deux jours de colloque consacrés à la lutte contre les violences sexuelles dans l'Eglise, dont le traumatisme a été réactivé par l'affaire Bétharram.

Des révélations d'autant plus pesantes que le colloque se tiendra sur les hauteurs de Lourdes, à une vingtaine de kilomètres de l'établissement catholique Notre-Dame de Bétharram au coeur du scandale.

Il y a d'ailleurs à Lourdes un autre rappel des violences sexuelles dans l'Eglise: les mosaïques du prêtre slovène Marko Rupnik, accusé d'agressions sexuelles, toujours accrochées au sanctuaire, même si elles ne sont désormais plus éclairées la nuit.

Le colloque est organisé près de quatre ans après le rapport de la Ciase (Commission indépendante sur la pédocriminalité dans l'Eglise catholique), qui avait estimé à 330.000 le nombre de mineurs victimes depuis les années 1950.

Après ce séisme, l'Eglise avait créé deux instances de reconnaissance pour les victimes et mis sur pied neuf groupes de travail, qui avaient émis des recommandations en mars 2023.

Où en est-on de leur mise en oeuvre? Un rapport sera présenté lundi matin.

Déjà disponible sur le site de la CEF, le texte salue "une réelle volonté de changement" même si "c'est forcément un long processus" car "il s'agit d'entrer dans un changement profond de culture".

- "Faux-procès"-

Parmi les mesures mises en oeuvre: un cours en ligne sur le "risque d'instrumentalisation de la parole de Dieu", une "charte de bientraitance pour la protection des mineurs", un outil d'auto-diagnostic pour les communautés accueillant des mineurs, des procédures d'accueil et de formation des futurs prêtres...

Le rapport invite toutefois "à ne pas éluder les résistances, les angles morts, les renoncements, et à ne pas se décourager devant l'ampleur du travail".

L'un des points forts de ce colloque sera, mardi matin, la table ronde réunissant le président de la Ciase Jean-Marc Sauvé, et ceux des deux commissions de réparation décidées en 2021: Marie Derain de Vaucresson pour l'Inirr (Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation) et Antoine Garapon pour la CRR (Commission reconnaissance et réparation).

L'Inirr a été saisie par près de 1.600 victimes en trois ans, et la CRR par 1.065 personnes.

En parallèle du colloque, l'association Mouv'Enfants de victimes de violences sexuelles organisera lundi dans un hôtel de Lourdes un "faux procès de l'Eglise et de l'Etat pour crime contre l'humanité", avec des victimes et des professionnels de la santé et du droit.

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