L'ex-commandant de l'un des plus terribles pénitenciers communistes roumains, Alexandru Visinescu, condamné à 20 ans de réclusion la semaine dernière, a fait appel de ce verdict, a-t-on appris vendredi auprès de son avocate.
"J'ai transmis le recours hier soir à la cour d'Appel de Bucarest", a indiqué à l'AFP l'avocate Valentina Bornea, commise d'office dans ce premier procès du genre en Roumanie, lancé 25 ans après la chute du régime totalitaire.
Jugé depuis septembre pour "crimes contre l'humanité", Alexandru Visinescu, 89 ans, était accusé d'avoir soumis à un "régime d'extermination" les détenus politiques de la prison de Ramnicu Sarat (est).
L'ancien officier a également été dégradé et condamné à payer, ensemble avec l'Etat roumain, 300.000 euros de dommages-intérêts aux descendants de trois anciens détenus.
Plaidant l'acquittement pendant le procès, son avocate avait assuré qu'il n'y avait "aucune preuve quant à l'intention de l'inculpé d'infliger des souffrances supplémentaires par rapport à ce que prévoyait la législation" de l'époque.
De son côté, M. Visinescu n'avait jamais exprimé de regrets ou demandé pardon aux victimes, affirmant avoir simplement "obéi aux ordres" de ses supérieurs et respecté les lois en vigueur.
Au moins 14 détenus politiques sont morts pendant le mandat de M. Visinescu, entre 1956 et 1963, dans l'"enfer du silence" de Ramnicu Sarat, où chaque prisonnier était enfermé seul dans une cellule et n'avait le droit d'adresser la parole à personne.
Les enquêteurs ont souligné également le froid, les rations insuffisantes de nourriture et les sanctions terribles auxquelles avaient été soumis les détenus.
Plus de 600.000 opposants politiques, intellectuels, officiers ou prêtres ont été détenus en Roumanie sous le régime communiste, entre 1947 et 1989.