L'ancien chef d'un groupe rebelle de République démocratique du Congo Roger Lumbala sera jugé à Paris du 17 novembre au 20 décembre pour complicité de crimes contre l'humanité dans le nord-est de son pays en 2002-2003, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
Arrêté fin 2020 et incarcéré en France depuis janvier 2021, cet ancien député d'opposition aujourd'hui âgé de 67 ans devra comparaître devant les assises de Paris pour complicité de crimes contre l'humanité et participation à une entente en vue de commettre des crimes contre l'humanité.
Pendant la deuxième guerre du Congo (1998-2003), Roger Lumbala dirigeait le RCD-N, groupe armé fondé en 1998 qui avait son fief au nord-est du pays.
Dans cette région, des chefs de différentes factions rivales, dont le RCD-N, se battaient pour contrôler les richesses naturelles et obtenir une légitimité sur la scène politique nationale.
Selon plusieurs rapports des Nations unies, les hommes du RCD-N se sont alors rendus coupables de viols, exécutions sommaires, enlèvements, mutilations et cannibalisme dans l'Ituri, principalement contre les ethnies Nande et Twa (Pygmées).
M. Lumbala avait réfuté ces accusations dès un premier rapport de l'ONU en 2003.
Selon les conclusions du juge d'instruction parisien spécialisé, Roger Lumbala aurait donné "des ordres pour commettre une pratique massive et systématique de tortures ou d'actes inhumains" et fourni "le ravitaillement nécessaire aux auteurs des faits", sur le territoire de Bafwasende, dans le Haut-Uele et en Ituri.
Il aurait laissé "les combattants placés sous son autorité commettre ces crimes" et son "absence de réaction" aurait permis "la réitération d'une pratique massive et systématique" d'"exécutions sommaires", de "tortures", de "viols", de "vols ou pillages" et "de réduction en esclavage", également sexuel, de plusieurs parties civiles.
Roger Lumbala devra notamment répondre des atrocités commises lors de l'opération dite "Effacer le tableau", lancée en octobre 2002 avec son allié, le Mouvement de libération du Congo (MLC), visant à contrôler un maximum de territoires.
Selon l'ordonnance qui le renvoie devant la cour d'assises, le plan était bien "concerté", notamment parce que les combattants du RCD-N et du MLC ciblaient les civils en fonction de leur "origine ethnique".
Plus de vingt survivants sont venus en France pour témoigner lors de l'instruction et ont été admis en tant que parties civiles.