Extradé du Canada en janvier dernier, cet ancien professeur de linguistique à l’Université nationale du Rwanda (UNR) est essentiellement poursuivi pour un discours prononcé en langue rwandaise, en novembre 1992, lors d’un rassemblement politique dans le nord du Rwanda. Le discours est présenté par le procureur comme un appel au génocide des Tutsis
Plus d’un mois après s’être séparé de son client, Me Donat Mutunzi, l’ancien conseil de Léon Mugesera, a expliqué dans un entretien avec l’agence Hirondelle que son client a été difficile.
« J’ai quitté le procès parce que je commençais à trouver le client pas facile à gérer », a indiqué Me Mutunzi, dans un entretien avec l’Agence Hirondelle.
« Lui et moi, nous sommes convenus au préalable du montant des honoraires… Quand la proposition a été soumise à sa famille (restée au Canada), celle-ci s’est tue. Je ne pouvais quand même pas rester plus de quatre mois à prester pour rien », a estimé ce dernier.
Par ailleurs, il n’y aurait jamais eu d’autres points de mésentente entre son client et lui, jusqu’au moment où il aurait appris qu’il était « en contact avec un autre avocat ».
Le 5 juin dernier, tandis que l’accusé se présente devant la Haute Cour de Kigali dans un recours en appel contre une décision ordonnant le début de son procès, Me Donat Mutunzi est absent à l’audience. Contacté par la presse, il évoquera pour seul motif ce problème d’honoraires.
A partir de l’audience suivante, l’accusé sera assisté par un nouvel avocat, Me Félix Rudakemwa. Contacté par Hirondelle, le nouvel avocat a affirmé ne pas avoir rencontré le même problème que son confrère.
Mais lors d’une autre audience d’appel, le 16 juillet dernier, Léon Mugesera annonce à la chambre que son premier avocat a confisqué son dossier. « Je ne le remettrai qu’après avoir été payé », reconnaît Me Mutunzi dans un entretien avec l’Agence.
Contactée par l’Agence Hirondelle, Gemma Uwamariya, la femme de Léon Mugesera, a exhibé un document faisant état de l’envoi à Me Mutunzi de la somme de 1.000 USD, le mardi 20 mars 2012. « Il ne s’agit que de frais de logistique et pas d’honoraires », assure Me Mutunzi qui indique que cela ne peut être son payement calculé, selon lui, à raison de 50 dollars par heure de prestation.
Depuis sa première comparution, le 2 février, le linguiste avait refusé d’être interrogé en langue rwandaise mais a finalement perdu le combat. La Haute Cour a par ailleurs confirmé le 20 juillet qu’il resterait en détention préventive.
Linguiste originaire du nord du Rwanda, Mugesera vivait au Canada depuis 1993. Il avait réussi à repousser son extradition durant plusieurs années grâce à de multiples recours judiciaires.
A l’époque du discours incriminé, Mugesera était vice-président pour la préfecture de Gisenyi (nord) du parti de l’ex-chef de l’Etat Juvénal Habyarimana dont l’assassinat dans la soirée du 6 avril 1994 avait déclenché le génocide des Tutsis.
SRE/GF