Dans un texte publié jeudi dans le journal français Le Monde et repris vendredi sur le site internet de HRW, Reed Brody, porte-parole et conseiller juridique auprès de l’organisation, estime qu’ « une action rapide est désormais indispensable avant que davantage de survivants ne meurent sans avoir pu obtenir justice ».
« Le Sénégal doit rapidement mettre en œuvre le plan du tribunal et les donateurs doivent se tenir prêts pour son financement », poursuit l’activiste.
A son avis, « un procès juste et équitable de Hissène Habré porterait un coup au cycle de l'impunité profitant aux dirigeants qui brutalisent leurs citoyens, pillent leur trésor public et, lorsque leur temps est venu, filent à l'étranger pour se rapprocher de leurs comptes bancaires ».
« Il s'agirait là d'un précédent important : montrer que les tribunaux africains peuvent, eux aussi, juger les pires crimes commis en Afrique », conclut Reed Brody.
Le 24 juillet, quatre jours après que la Cour internationale de justice (CIJ) avait conclu que le Sénégal devait traduire Hissène Habré en justice "sans autre délai" à défaut de l'extrader, le Sénégal et l'Union africaine ont convenu d'un plan pour instaurer un tribunal spécial – des "Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises", pour juger l’ancien dictateur. Le nouveau président du Sénégal, Macky Sall, a déclaré qu'il souhaitait que la procédure commence avant la fin de l'année.
« Bien qu'accusé de milliers d'assassinats politiques et d'usage systématique de la torture pendant son règne de 1982 à 1990, Habré s'est paisiblement installé dans ses deux villas du bord de la mer à Dakar, utilisant les millions qu'il aurait volés au Tchad pour développer un puissant réseau de partisans au Sénégal", déplore Brody.
Si le nouveau chef de l’Etat sénégalais tient sa promesse, il aura ainsi mis fin à des années d’atermoiements et de revirements de la part de son prédécesseur Abdoulaye Wade.
ER/GF