« C’est la réalité, ce n’est que la réalité, tout cela est vrai », a déclaré jeudi à l'Agence Hirondelle Maître Jean-Félix Rudakemwa, confirmant des allégations « de menaces de mort, nourriture avariée, rats et punaises de lit dans la cellule », parues dans la presse canadienne.
L’avocat rwandais a également confirmé que Kigali ne lui laissait pas suffisamment de temps pour rencontrer de façon confidentielle son client, dont le procès doit s’ouvrir lundi prochain.
Selon l’édition de mercredi du journal québécois Le Soleil, Me Rudakemwa a envoyé à la famille de Mugesera restée au Canada, un document qui « détaille plus d’une vingtaine de situations soi-disant irrégulières, prouvant, selon lui, que les droits fondamentaux de M.Mugesera sont gravement violés par le Rwanda ».
« Ce sont des affirmations extrêmement outrageuses et, franchement, je crois que quelque chose tourne terriblement mal avec ces gens », a réagi le procureur général du Rwanda, Martin Ngoga. Pour lui, les avocats doivent faire preuve de «bon sens et de respect de soi» pour éviter de relayer «dans un style robotique» les allégations de leurs clients.
« Mugesera est détenu dans une structure approuvée par les Nations Unies et reçoit des visites de la Croix Rouge », a souligné le magistrat rwandais.
« Toutes ces allégations ne sont que de la propagande mensongère. Mugesera est détenu dans une cellule individuelle bien aérée, bien entretenue et bien équipée. Il a dans sa cellule un ordinateur et une imprimante pour préparer son procès », a renchéri Mme Dativa Mukanyangezi, commissaire chargée des Droits de l’homme au Service national correctionnel.
« Pour ce qui des entretiens entre Mugesera et son avocat, je vous dis qu’en ce moment même où je vous parle, ils sont ensemble », a-t-elle ajouté.
Le linguiste rwandais est détenu à la prison centrale de Kigali (PCK), qui selon le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), répond aux standards internationaux en matière de détention.
Le pasteur pentecôtiste Jean Uwinkindi, premier accusé du TPIR renvoyé à la justice rwandaise, est également détenu à la PCK, communément appelée 1930, date de sa construction.
Mugesera avait obtenu, le 19 septembre, un délai de deux mois pour préparer son procès. Cet universitaire est poursuivi pour un discours en langue rwandaise prononcé en novembre 1992 dans un meeting politique de son parti.
Le procureur soutient que le discours appelait les Hutu à massacrer les Tutsi tandis que Mugesera affirme que ses propos ont été mal interprétés, sortis de leur contexte.
Le linguiste a été extradé du Canada en janvier dernier après une bataille juridique de 15 ans.
« En dépit de certains petits problèmes, nous sommes prêts pour le début du procès lundi », a indiqué Maître Rudakemwa, qui devrait être rejoint pour la défense, par un confrère du Kenya et une troisième avocate américaine.
ER/GF