18.12.12 - CPI/NGUDJOLO – LE CONGOLAIS MATHIEU NGUDJOLO ACQUITTE DE CRIMES CONTRE L’HUMANITE

La Haye, 18 décembre 2012 (FH) – Mathieu Ngudjolo a été acquitté de crimes contre l’humanité et crimes de guerre par les juges de la Cour pénale internationale (CPI). Dans un verdict rendu le 18 décembre au matin, les juges ont affirmé que « le procureur n’a pas prouvé, au-delà de tout doute raisonnable, que Mathieu Ngudjolo a commis les différents crimes allégués ».

1 min 46Temps de lecture approximatif

Le milicien congolais était poursuivi pour sa responsabilité dans le massacre de Bogoro, le 24 février 2003. Les juges ont écarté les déclarations de trois témoins « clés » de l’accusation qui avaient témoigné, sous pseudonyme, de la présence de Mathieu Ngudjolo sur les lieux des crimes. « Les propos qu’ils ont tenu s’avéraient par trop contradictoires ou imprécis pour qu’elle [la chambre] puisse prendre appui sur l’ensemble de leur déposition », a déclaré le président de la chambre, le juge Bruno Cotte. Par ailleurs, au cours du procès, Mathieu Ngudjolo avait affirmé qu’il ne se trouvait pas à Bogoro, mais qu’il procédait à un accouchement à Kabutso.

Concernant le rôle de l’accusé et sa responsabilité hiérarchique, les juges ont estimé qu’ils dépassaient largement celui de simple infirmier. Selon les magistrats de La Haye, « l’intéressé avait une certaine importance au sein du groupement Bedu-Ezekere », un groupe de combattants dont il faisait partie, et que « ces combattants ne se bornaient pas à défendre le territoire du groupement en cas d’attaque mais étaient en mesure de lancer eux aussi des attaques ». Cependant, les juges estiment que les preuves du rôle de Ngudjolo sont absentes du dossier.

« Les témoins (…) n’ont donné aucun autre détail sur l’autorité dont aurait alors eu, selon eux, Mathieu Ngudjolo, pas plus que la manière dont il l’exerçait ». Les juges affirment qu’ils n’ont pas vu les preuves suffisantes établissant, « au-delà de tout doute raisonnable », que Mathieu Ngudjolo « était l’un des commandants militaires ayant occupé une place importante parmi les commandants Lendu du groupement Bendu-Ezeke », à l’époque du massacre de Bogoro.  

Pour les juges, les preuves de l’autorité de M. Ngudjolo sont postérieures à l’attaque. Dès ses premières apparitions publiques au mois de mars 2003, soit un mois après l’attaque, l’accusé portait un uniforme militaire rappellent les juges, il avait le grade de colonel et son nom a été mentionné lors de la signature de l’accord de cessation des hostilités, le 18 mars 2003. Mais le fait qu’il ait été, à un moment donné, « le chef d’Etat-major adjoint chargé des opérations au sein de l’alliance FNI/FRPI ne démontre pas qu’il était un chef militaire auparavant, le 24 février 2003 », ont estimé les juges.

SM/GF