Linguiste et ancien enseignant à l’Université nationale du Rwanda (UNR), Léon Mugesera répond notamment d’un discours en langue rwandaise prononcé en novembre 1992 lors d’un immense rassemblement public de son parti, le Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND).
« Le procès a enfin débuté sur le fond aujourd’hui (jeudi). Nous avons, au cours de cette audience, fait entendre aux juges et au public le discours en question », a indiqué à l’Agence de Presse Hirondelle, le procureur général Martin Ngoga, qui était présent en personne. «Nous avons présenté les faits étayant le chef d’incitation à commettre le génocide. Nous poursuivrons demain (vendredi) », a ajouté Ngoga, joint au téléphone à sa sortie du prétoire.
Kigali considère ce discours comme un élément déclencheur du génocide des Tutsis de 1994. Pour sa part, Mugesera a toujours clamé son innocence, reprochant au procureur de sortir son discours de son contexte. L’universitaire répond de quatre autres d’accusations, dont l’entente en vue de commettre le génocide.
L’ouverture a été confirmée par Maître Félix Rudakemwa, l’un de ses trois avocats.
Depuis son extradition du Canada en janvier 2012, Mugesera a comparu à plusieurs reprises lors d'audiences au cours desquelles il a demandé et obtenu, pour divers motifs, des délais supplémentaires pour être jugé. Il a cependant déjà perdu plusieurs batailles dans ce feuilleton : la justice rwandaise a notamment refusé de conduire le procès en langue française et rejeté sa récusation de deux des trois juges de la chambre saisie de son affaire. Réclamé par le Rwanda depuis 1995, M. Mugesera avait multiplié au cours des années les recours judiciaires au Canada, mais n'avait finalement pu empêcher son extradition, il y a aujourd’hui un an.
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