La visite de Christopher Bongani Majola, nouveau greffier du TPIR, devait avoir lieu du 20 au 22 février. Au menu, se trouvaient une première réunion avec le personnel de son bureau de Kigali ainsi qu’une cérémonie de remise d’un véhicule blindé aux services correctionnels du Rwanda, selon le porte-parole du tribunal, Roland Amoussouga. Entré en fonction début janvier, Bongani Majola souhaitait également rencontrer les plus hautes autorités rwandaises. Le porte-parole a précisé, à ce sujet : «des demandes officielles d’audiences ont été introduites auprès du ministère rwandais des Affaires étrangères. Nous attendons à ce jour une réaction officielle des autorités rwandaises ».
«Nous avons reçu cette communication du greffier et nous lui avons déjà indiqué que la visite et la cérémonie devraient être reprogrammées à des dates ultérieures parce que les dates proposées ne nous convenaient pas », a indiqué à l’agence Hirondelle le Procureur général du Rwanda, Martin Ngoga. Un haut cadre au TPIR a vu dans la réponse rwandaise « une façon diplomatique de protester contre l’acquittement en appel (le 4 février) de Justin Mugenzi et Prosper Muginraneza », deux anciens ministres qui avaient été condamnés à 30 ans de réclusion en première instance. « Si Majola persiste à se rendre à Kigali la semaine prochaine, il risque d’y être accueilli par une manifestation hostile au TPIR comme celle d’avant-hier », a supputé la source qui a préféré garder l’anonymat.
Le jour de l’arrêt de la chambre d’appel, le parquet général du Rwanda s’était déclaré « profondément déçu » tandis qu’Ibuka, la principale organisation de survivants, avait fait part de sa « consternation ».Lundi, à l’appel d’Ibuka, des centaines de Rwandais ont manifesté à Kigali, devant le bureau de liaison du TPIR, pour dénoncer ces deux derniers acquittements et ceux qui les ont précédés. Portant des banderoles hostiles au tribunal de l’ONU, les manifestants ont accusé le TPIR, en particulier sa chambre d’appel, d’ajouter de l’eau au moulin de ceux qui nient le génocide des Tutsis de 1994.Jusqu’à présent, le TPIR s’est gardé de faire le moindre commentaire sur ces accusations.
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