Le procureur se dit prêt pour l’ouverture des débats mais la défense demande toujours d’être renforcée par des enquêteurs indépendants payés par le gouvernement, avant d’aller au procès.
Jeudi, la Haute Cour a entendu les arguments des parties sur le sujet. Pour la nième fois, la défense a expliqué qu’elle avait besoin d’être épaulée par des enquêteurs pour localiser et contacter les témoins qu’elle entend citer à la barre. Aujourd’hui âgé de 62 ans, le prêtre de campagne, qui ne parle aucune langue étrangère, est poursuivi pour génocide et extermination. Le procureur l’accuse notamment d’avoir fait massacrer des fidèles tutsis de sa paroisse de Kanzenze, dans l’est du Rwanda, en 1994. Il est présenté par l’accusation comme l’un des principaux organisateurs des massacres dans cette région.
Comme il n’a cessé de le répéter depuis l’année dernière, le bureau du procureur a fait valoir que les enquêteurs de la défense ne sont prévus nulle part dans les procédures rwandaises. C’est à la police et au procureur de mener les enquêtes à charge et à décharge, ce qui ne rassure pas l’homme d’église transféré du TPIR où chaque accusé a droit à des enquêteurs indépendants. « La chambre rendra sa décision le 16 mai », a indiqué vendredi à l’Agence Hirondelle, Maître Gatera Gashabana, l’avocat principal du pasteur. Il a ajouté qu’il avait déjà une liste de 70 témoins potentiels qui devraient être contactés avant le démarrage du procès.
Uwinkindi a été arrêté le 30 juin 2010 en Ouganda et transféré le surlendemain au centre de détention du TPIR à Arusha, en Tanzanie. Après une longue bataille judiciaire, il a été remis aux autorités rwandaises le 19 avril 2012. Depuis lors, le TPIR suit de près l’évolution de la procédure ainsi que les conditions de vie d’Uwinkindi actuellement détenu à la Prison centrale de Kigali (PCK). Selon le dernier rapport de l’observateur du TPIR, Constant Hometowu, l’accusé ne se plaint pas de ces conditions de détention et la direction de la prison le décrit comme un détenu discipliné. ER