Cette information avait été divulguée par erreur dans un communiqué du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), une association qui s’était jointe en 2007 à une plainte déposée en France contre l’ancien officier rwandais. « Notre client a été induit en erreur suite à la réception d'un avis à partie civile sur lequel les termes ‘mis en examen’ étaient mentionnés… mais il s'agissait en fait d'un avis de commission rogatoire afin de procéder à la vérification du domicile actuel de Laurent Serubuga », a expliqué à l’Agence Hirondelle Me Sophie Dechaumet, l'un des avocats du CPCR à Paris. « Il n'a pas été mis en examen », a confirmé Me Thierry Massis, avocat agissant pour Laurent Serubuga, qui a demandé au CPCR de retirer de son site Internet l'information erronée. « D'après ce que M. Serubuga me dit, à sa connaissance, il n'y a aucune poursuite ouverte contre lui à ce jour », a indiqué l’avocat. Le colonel Serubuga, 77 ans, a fait partie d'un groupe de onze officiers - les "Camarades du 5 juillet 1973" – qui a aidé le général major Juvénal Habyarimana à renverser le président Grégoire Kayibanda, au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1962. Ayant occupé quelques années plus tard les fonctions de chef d'état -major adjoint de l'armée rwandaise, Serubuga est poussé à la retraite en juin 1992. Mais, selon le CPCR, « il avait repris du service en 1994 ». Le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), qui a jugé de très hauts responsables militaires rwandais, ne s’intéressera pas à Laurent Serubuga. Mais, en France, une plainte est déposée contre lui en 2000 par la FIDH et la Ligue des droits de l’homme, classée sans suite faute de preuves. Une nouvelle plainte est déposée par la FIDH et Survie, qui donne lieu le 28 juin 2002 à l'ouverture d'une information judiciaire pour génocide et complicité de crimes contre l'humanité. En parallèle, Laurent Serubuga demande l’asile politique, qui lui est définitivement refusé, le 16 juillet 2002, du fait des suspicions qui pèsent contre lui. Aujourd'hui, son dossier est sur le bureau d'un des trois juges d'instruction du pôle parisien spécialisé dans la poursuite des crimes contre l’humanité. Plus de vingt dossiers rwandais sont étudiés avec différents niveaux de priorité par les juges, qui ont clôturé en février leur première instruction, contre un ancien officier au Service central de renseignements actuellement détenu en France, Pascal Simbikangwa. FP/ER