03.07.13 - SENEGAL/TCHAD - HISSENE HABRE INCULPE, LES ACTIVISTES SALUENT UNE PREMIERE

Arusha, 03 juillet 2013 (FH)  L’ancien président tchadien Hissène Habré a été inculpé et placé sous mandat de dépôt, mardi après-midi à Dakar, selon la presse sénégalaise.

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Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme ont salué mercredi « une première ».Habré, qui en exil au Sénégal depuis 22 ans, est poursuivi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et tortures commis dans son pays durant ses huit ans de pouvoir (1982-1990). Il avait été arrêté dimanche.Pour son jugement, le gouvernement sénégalais et l’Union africaine (UA) ont signé un accord, en vue de la création, au Sénégal, d’un tribunal spécial. L’accord a été approuvé le 19 décembre par les députés sénégalais.Dans une déclaration commune publiée à Paris, plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme ont salué ce nouveau pas vers le procès de l’ancien président.« C’est une première victoire pour les victimes », a déclaré Jacqueline Moudeina, avocate des victimes et présidente de l’Association tchadienne pour la promotion et la défense des droits de l’homme (ATPDH). « L’inculpation de Hissène Habré est un point culminant de nos 22 années de campagne pour que justice soit rendue », a ajouté Maître Moudeina.La phase d’instruction devrait durer 15 mois. Elle pourra être suivie d’un procès à la fin de l’année 2014 ou en 2015.« Les victimes vont pouvoir faire face au principal responsable de leur souffrance. Un dirigeant accusé de crimes contre l’humanité ne doit plus rester impuni » ? a déclaré Sidiki Kaba, président d’honneur de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH)Des documents de la Direction de la Documentation et de la Sécurité, la police politique de Habré, découverts par Human Rights Watch (HRW) en 2001, ont révélé les noms de 1.208 personnes exécutées ou décédées en détention, et de 12. 321 victimes de violations des droits de l’homme.Habré a été inculpé une première fois au Sénégal en 2000. Mais les tribunaux sénégalais ont statué qu’il ne pouvait pas y être jugé, et ses victimes ont alors déposé plainte en Belgique. En septembre 2005, après quatre années d’enquête, un juge belge a inculpé Habré et Bruxelles a demandé son extradition. Après le refus du Sénégal d’extrader Habré vers la Belgique et trois années de négociations pointilleuses au sujet d’une demande de l’Union africaine, la Belgique a porté plainte contre le Sénégal devant la Cour internationale de Justice (CIJ). Cette dernière a ordonné au Sénégal, le 20 juillet 2012, de poursuivre Habré « sans aucun autre délai » à défaut de l’extrader.Après l’élection de Macky Sall à la présidence du Sénégal en avril 2012, l’Union africaine et le Sénégal se sont mis d’accord sur un projet pour créer les « Chambres africaines extraordinaires » en vue de mener le procès au sein du système judiciaire sénégalais. Ces Chambres sont compétentes pour poursuivre les crimes les plus graves commis sur le territoire tchadien entre 1982 et 1990.ER