Né en 1959, Bernard Munyagishari a été transféré au Rwanda le 24 juillet dans la soirée en provenance du centre de détention du TPIR à Arusha, en Tanzanie.Poursuivi pour crimes de génocide et crimes contre l’humanité, il était, pendant le génocide des Tutsis de 1994, secrétaire général, pour la préfecture de Gisenyi (Nord), du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND) de feu le président Juvénal Hyabarimana.Il était également président, pour la même préfecture, de l’aile jeunesse du MRND, les fameux Interahamwe.Mardi, le juge Félix Ndahigwa du Tribunal de base de Nyarugunga à Kigali a décidé que l’accusé reste en détention comme l’avait demandé la veille le procureur Ndibwami Rugambwa, de peur qu’il ne disparaisse dans la nature pour se soustraire à la justice. Munyagishari a immédiatement fait appel de la décision.
Lundi, l’accusé avait refusé de répondre en kinyarwanda lorsque l’acte d’accusation lui était lu pour lui donner l’occasion de dire s’il plaide coupable ou non coupable. « Je ne comprends que le français », avait déclaré Munyagishari. Pour expliquer au tribunal que l’accusé écrit et parle couramment le kinyarwanda, le procureur a indiqué qu’il est né au Rwanda, y a fait ses études et y travaillé. De plus, a poursuivi M. Rugambwa, c’est en langue rwandaise qu’il donnait des ordres à ses Interahamwe en 1994. Comme preuve supplémentaire, l’officier du ministère public a sorti un dossier de 1982 devant l’ancienne Cour d’appel de Ruhengeri (Nord), dans lequel Munyagishari s’était défendu en langue rwandaise dans une affaire de viol.Toujours lundi, l’ancien responsable local du MRND avait intimé l’ordre de se taire à Maître Innocent Mucyo qui avait été commis d’office pour l’assister dans sa défense. Conséquence, l’avocat rwandais était absent à l’audience mardi.Munyagishari a été arrêté en 2011 en République démocratique du Congo (RDC), six ans après avoir été inculpé par le TPIR d' « entente en vue de commettre le génocide », « génocide », « complicité de génocide », « assassinats et viols constitutifs de crimes contre l'humanité ». Il est soupçonné d'avoir recruté, entraîné et dirigé les miliciens Interahamwe impliqués dans des tueries et des viols en série de tutsis à Gisenyi et au-delà, entre avril et juillet 1994.Munyagishari est le deuxième et dernier accusé remis au Rwanda par le TPIR après le pasteur pentecôtiste Jean Uwinkindi renvoyé à Kigali en avril 2012.Les transferts de certains dossiers vers des juridictions nationales avaient été recommandés par le Conseil de sécurité pour permettre au tribunal international de terminer ses portes fin 2014.SRE-ER