20.08.13 - CPI/BEMBA - REPRISE DU PROCES DE JEAN-PIERRE BEMBA DEVANT LA CPI

La Haye, 20 août 2013 (FH) – Le procès de Jean-Pierre Bemba a repris mardi 20 août devant la Cour pénale internationale (CPI) avec l’audition d’un nouveau témoin de la défense.

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Protégé par un pseudonyme pour des raisons de sécurité, D04-23 a témoigné par vidéo-conférence et plusieurs parties- clés de son audition ont été entendues à huis clos. Selon les extraits publics de sa déposition, le témoin faisait partie des services de renseignements de la rébellion menée par François Bozize, qui en mars 2003, avait renversé le régime d’Ange-Félix Patassé. Six mois plus tôt, pour lutter contre les rebelles, l’ex- chef d’Etat centrafricain avait fait appel aux troupes de Jean-Pierre Bemba. Devant la Cour, le sénateur congolais répond de crimes contre l’humanité pour les meurtres, les viols et les pillages commis par ses troupes entre octobre 2002 et mars 2003, en Centrafrique. Interrogé par maître Aimé Kilolo sur l’arrivée en Centrafrique des soldats du Mouvement pour la libération du Congo (MLC) de Jean-Pierre Bemba, le témoin a évoqué l’arrivée de mercenaires. « On nous disait qu’il y avait un appui de la RDC et un renfort de Libye. C’étaient les Banyamulenge qui venaient de RDC, et les Amazones, ou je ne sais quoi, qui venaient de Libye. Ce qui est sûr, c’est que l’on sentait une puissante force de frappe (…) Je n’ai pas tous les détails, mais c’est à partir du 30 octobre qu’ils [les forces loyales au président Patassé] ont reçu de l’aide, on le sentait dans le crépitage (sic) des balles », a-t-il expliqué. D04-23 a ensuite évoqué les opérations de pillage des rebelles, qui prenaient « des mousses pour dormir, des vivres, des appareils électroniques ». Des faits similaires sont attribués par le procureur aux soldats du MLC, faits pour lesquels Jean-Pierre Bemba doit répondre en qualité de supérieur hiérarchique. Pour la défense, la déposition du témoin lui permet de souligner, de nouveau, que toutes les parties en conflit se sont adonnées à de telles exactions. « Tous ces biens pillés par les rebelles de Bozizé étaient transportés par quels moyens ? » interroge maître Kilolo. « Vous parlez de pillage, mais c’est quand- même normal que les gens qui ont faim cherchent à manger ! » a semblé s’offusquer D04-23.  « Celui que vous appelez le libérateur, François Bozizé, était-il au courant des crimes commis par ses hommes ? » enchaîne alors Aimé Kilolo. « C’est lui qui était le patron de la rébellion. Vous ne pouvez pas être un chef de famille sans être au courant de ce qu’il se passe dans la famille. Le général Bozizé, c’est un homme qui parle peu, mais c’est lui l’homme le plus informé. C’est quand même un général, et pas des moindre », a répondu le témoin qui précisera avoir, au cours du conflit, était « personnellement touché » dans sa famille.Le témoignage de D04-23 a été suspendu et reprendra mercredi matin, pour, selon les juges, lui permettre de se reposer. Entre temps, la chambre a commencé l’audition de D04-26. Le procès de Jean-Pierre Bemba a débuté en novembre 2010. Depuis un an, et suite à la présentation de l’accusation, c’est au tour de la défense de présenter sa thèse. Jusqu’ici, elle a appelé 26 témoins.  Dix autres doivent encore déposer, dont Jean-Pierre Bemba. Les juges ont fixé au 25 octobre 2013 la date limite. Après quoi, les parties présenteront leurs conclusions finales. Le jugement est attendu dans le courant de 2014. SM/ER