Inculpé de complicité de génocide et de crimes contre l’humanité, Simbikangwa qui se déplace en fauteuil roulant à la suite d’un accident dans les années 80, est accusé d’avoir « contribué, en connaissance de cause, à la pratique massive et systématique d'exécutions sommaires et autres actes inhumains ainsi qu'au génocide ». Il risque la perpétuité, la peine la plus lourde en France.Présenté comme un membre de l' « akazu » (hutte, en langue rwandaise), le premier cercle du pouvoir hutu qui, selon ses accusateurs, a planifié le génocide des Tutsis, M. Simbikangwa est notamment accusé d'avoir distribué des armes à des barrières tenues par des miliciens extrémistes hutus Interahamwe et de les avoir encouragés à commettre des massacres, dans les environs de sa résidence à Kigali et dans sa préfecture natale de Gisenyi (nord-ouest).« Ce procès est historique dans la mesure où il se déroule en France, un pays dont nous ne cessons de rappeler la complicité » dans le génocide des Tutsis, estime Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), une association de droit français. Il s’agit aussi d’un « procès pédagogique car il donne l’occasion d'expliquer ce qui s'est passé au Rwanda en 1994 », toujours selon Gauthier qui attend que « que la lumière soit faite sur le rôle de Simbikangwa et que les victimes soient rétablies dans leur dignité ».Mais pour la défense, la capitaine n’est qu’un bouc émissaire sacrifié par une France accusée depuis 20 ans de complicité de génocide. « Il y a une pression des autorités rwandaises sur la France. (...) Vous avez une pression monstrueuse des parties civiles qui sont à l'origine de la plainte », indiquent ses avocats dans un entretien avec l’AFP. Plusieurs autres Rwandais soupçonnés de participation au génocide des Tutsis vivent en France depuis des années, dont Agathe Kanziga, la veuve de Juvénal Habyarimana. D’autres proches de l’ancienne famille présidentielle ont été jugés par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), parmi lesquels un frère d’Agathe Kanziga, Protais Zigiranyirazo, acquitté en appel, faute de preuve.Simbikangwa lui-même avait, un temps, fait l’objet d’enquêtes de la part du bureau du procureur au TPIR qui a finalement laissé le soin à la justice française de poursuivre la capitaine paraplégique.D’autres pays, en Europe, ont déjà jugés des personnes d’origine rwandaise accusées d’avoir joué un rôle dans le génocide des Tutsis. La Belgique, ancienne puissance coloniale du Rwanda, vient en tête avec huit condamnés, dont deux religieuses du couvent de Sovu, dans le sud du pays.ER