07.03.14 - CPI/TPIR - PAULINE NYIRAMASUHUKO ET SIMONE GBAGBO, DEUX MERES DE FAMILLE POURSUIVIES POUR VIOLS

Arusha, 07 mars 2014 (FH) – La Rwandaise Pauline Nyiramasuhuko et l’Ivoirienne Simone Gbagbo ont plus que leur chrétienté et leur statut de mère en commun. Alors que le monde se mobilise pour la défense des droits de la femme, les deux anciennes personnalités sont accusées de faire tourner la roue en sens inverse. La justice internationale les poursuit pour les crimes les plus graves, y compris des viols de femmes qu’elles auraient encouragés ou ordonnés.

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Après avoir été condamnée à la perpétuité en première instance par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Pauline Nyiramasuhuko, ancienne ministre de la Famille et de la promotion féminine, attend de se défendre en appel.De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) attend toujours que le gouvernement ivoirien lui livre l’ancienne première dame dont le mari, Laurent Gbagbo, se trouve actuellement au centre de détention de la Cour à La Haye, aux Pays-Bas.Unique femme à avoir été inculpée par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Pauline Nyiramasuhuko qui clame toujours son innocence, est née en 1946, dans une modeste famille de Butare, dans le sud du Rwanda.Après des études de droit terminées en 1986, l’ancienne assistante sociale sera nommée, en avril 1992, ministre de la Famille et de la promotion féminine dans le premier gouvernement multipartite.Membre du parti du président Juvénal Habyarimana, le MRND,  elle sera reconduite dans ses fonctions en 1993 et en 1994 après l’assassinat du chef de l’Etat.Après la défaite militaire de son gouvernement en juillet 1994, elle se réfugie d’abord au Zaïre de Mubutu Sese Seko, avant de gagner le Kenya.Mise en cause dans des rapports d’organisations internationales de défense dans droits de l’homme, la juriste commence à se défendre dans les médias. « Si une personne déclare qu'une femme, qu'une mère a tué, alors, je suis prête à lui être confrontée », dira-t-elle dans un entretien avec la BBC, en 1995.Malgré ces dénégations, elle sera arrêtée au Kenya deux ans plus tard avec son fils Arsène Shalom Ntahobari.Au terme de 10 ans de procès, l’ancienne ministre et son fils sont condamnés à la prison à vie le 24 juin 2011, après avoir été  jugés coupables de crimes de génocide et des crimes contre l’humanité : des massacres et des viols de Tutsis à Butare. Leurs quatre co-accusés sont également condamnés.Sur les  onze chefs d'accusation portés  par l’accusation contre cette mère qui ne se sépare jamais de son crucifix, la chambre en retient sept, dont entente en vue de commettre le génocide, génocide, extermination considérée comme un crime contre l'humanité et viol considéré comme un crime contre l'humanité.« Pauline Nyiramasuhuko a conspiré avec d'autres membres du gouvernement intérimaire pour commettre un génocide à Butare. (…) Elle avait de l’autorité sur (les miliciens) Interahamwe qui commettaient des viols à la préfecture de Butare », déclare le juge  William Hussein Sekule. L’ancienne dignitaire, qui se dit victime d’une campagne de dénigrement orchestré par le régime du président Paul Kagame, est restée de marbre.Selon les prévisions du TPIR, elle pourrait comparaître en appel au cours du second semestre de l’année en cours et l’arrêt définitif ne devrait pas tomber avant l’année prochaine.  « Tous les ministres ont du respect pour moi » Pour Simone Gbagbo, les procédures ne sont qu’à peine enclenchées. En dépit d’un mandat d’arrêt de la CPI, elle se trouve encore entre les mains des nouveaux maîtres de la Côte d’Ivoire qui ont également ouvert des poursuites judiciaires contre elle.Née en juin 1949 d’un père gendarme, elle a plusieurs cordes à son arc : historienne, linguiste mais aussi syndicaliste et femme politique.Elle participe, aux côtés de son mari, à la fondation, en 1994, du futur Front populaire ivoirien (FPI). Après l’accession de son époux à la présidence, en octobre 2000, elle se retrouvera au cœur des principales décisions de son pays. Cette chrétienne évangélique, reconnue très pratiquante, confiait à l’EXpress: «Tous les ministres ont du respect pour moi. Et on me situe souvent au-dessus d'eux ».  Est-ce donc elle qui a conseillé à celui dont elle partageait la vie et les honneurs de ne pas reconnaître la victoire de l’adversaire Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010 ?Ce qui est sûr c’est que ce refus de s’incliner va leur coûter cher à tous les deux. Encerclés par les forces pro-Ouattara, Simone et Laurent Gbagbo seront arrêtés à Abidjan le 11 avril 2011.  Fin novembre, le mari est transféré à la Haye.Le 29 février 2012, la CPI émet un mandat d’arrêt contre Simone Gbagbo, qui ne sera rendu public qu’en novembre de la même année La procureure de la CPI, la Gambienne Fatou Bensouda, veut faire juger l’épouse de Gbagbo pour crimes contre l’humanité, dont  meurtres, viols, persécution et autres actes inhumains.Comme dans le cas de son mari déjà entre les mains de la CPI, il s’agit de crimes commis en Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011. Au cours des violences suivant le scrutin présidentiel, au terme duquel les deux candidats, Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo, s’étaient déclarés vainqueurs, les forces pro-Gbagbo « ont pris pour cible des civils qu’elles pensaient être des partisans d’Alassane Ouattara », indique le mandat d’arrêt. Simone Gbagbo, « qui était idéologiquement et professionnellement très proche de son mari a participé à la mise en œuvre d’un plan devant permettre le maintien au pouvoir de son époux », lit-on dans ce texte. « Bien que n’étant pas élue, elle se comportait en alter ego de son mari, en exerçant le pouvoir de prendre des décisions d’Etat », poursuit le mandat d’arrêt. Le texte souligne, en outre, qu’elle a « donné aux forces pro-Gbagbo l’instruction de commettre des crimes contre des personnes représentant une menace pour le pouvoir de son mari ».Pauline Nyiramasuhuko et Simone Gbagbo nient catégoriquement avoir troqué la légendaire tendresse des mères africaines contre la pire cruauté.  Seule la justice tranchera, même si le Rwandaise a déjà fait savoir qu’elle ne croit qu’en la justice divine.FH