Poursuivis pour crimes contre l’humanité, les deux hommes sont accusés d’avoir joué un rôle de premier plan dans les violences meurtrières qui avaient suivi les élections générales de fin 2007 dans leur pays. Depuis l’ouverture du procès, le 10 septembre 2013, l’accusation a cité 13 témoins sur les 22 annoncés. Ces dépositions se sont déroulées à huis clos, pour l’essentiel, dans le souci de protéger les témoins qui avaient argué de craintes pour leur sécurité. Désigné par le nom de code P-0442, le treizième témoin a affirmé mardi à la barre que l’ancien journaliste de la radio Kass FM avait diffusé des émissions incendiaires après les élections générales de fin 2007. Mais Maître Joseph Kipchumba Kigen-Katwa, l’avocat de Sang, a opposé au témoin des extraits du service d’écoute de la BBC dans lesquels il est dit que l’accusé avait plutôt lancé dans appels au calme dans ses émissions en Kalenjin. Le procureur soutient, dans cette affaire, Ruto et Sang, tous de l’ethnie Kalenjin, voulaient nettoyer leur région de la Vallée du Rift de tout élément kikuyu.Selon l’accusation, l’actuel vice-président, qui était alors député d’Eldoret, haranguait les foules lors de grands rassemblements tandis que Sang se servait de son micro dans une émission populaire.Lors des élections de fin 2007, Ruto avait soutenu le candidat de l’opposition Raila Odinga, de l’ethnie Luo, contre le président sortant Mwai Kibaki, un Kikuyu.Selon des dépositions, le journaliste Sang a déclaré, un jour, sur les antennes de sa radio : « si Kibaki gagne, nous ferons notre travail ». Par « travailler », il voulait dire, selon l’accusation, évincer, tuer les Kikuyus.Chrétiens pratiquants, Ruto et Sang protestent de leur innocence, affirmant notamment avoir des membres de famille mariés à des personnes de la tribu kikuyu. Sur l’ensemble du territoire kényan, les violences post-électorales de 2007-2008 ont fait plus d’un millier de morts et plus de 600 000 déplacés, dont certains n’ont toujours pas regagné leur domicile. ER