Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées jeudi à Paris pour commémorer le 70e anniversaire du premier bombardement nucléaire de l'histoire à Hiroshima, certaines d'entre elles marquant l'événement en débutant un jeûne de quatre jours, a constaté un journaliste de l'AFP.
Au total, cent jeûneurs participent à cette action à Paris mais aussi à Dijon et à Bordeaux. Des manifestations similaires devaient avoir lieu "en Californie, en Angleterre, en Allemagne et au Japon" selon les organisateurs, un collectif d'associations antinucléaires.
"Il s'agit d'interpeller l'opinion publique et les dirigeants du monde qu'il faut éliminer les armes nucléaires et engager un processus réel d'élimination", a souligné Dominique Lalanne, président de +Armes nucléaires Stop+, une des associations organisatrices. "Il faut que la France montre qu'elle veut éliminer les armes nucléaires, ce qui n'est pas le cas actuellement".
La cérémonie a débuté à 08H15, heure du largage de la bombe Little Boy sur Hiroshima, par l'allumage d'une "flamme de l'abolition" des armes nucléaires, pour se terminer par une chorégraphie durant laquelle neuf personnes se sont drapées des drapeaux des neufs pays détenteurs de l'arme nucléaire.
Parmi eux, Hiroko Fukuoka, originaire d'Osaka, 15 ans en 1945, se souvient: "Le jour du bombardement, les autorités nous disaient que ce n'était pas grave et les jours suivants, elles ont continué à minimiser la catastrophe".
Une partie de la place de la République était constellée de banderoles avec des slogans en arabe, en hébreu, en chinois: "abolition des armes nucléaires", "libérons la France des armes nucléaires", "tricoter prend du temps, exterminer et être exterminé prend un instant", pouvait-on lire sur certaines.
Au son du koto, un instrument traditionnel à cordes japonais, les manifestants, dont une quinzaine en robe noire et masque blanc, ont écouté des discours dénonçant "le crime contre l'humanité" qu'a constitué "le bombardement injustifié" de Hiroshima et Nagasaki ou encore des textes pacifistes du poète japonais Yamagushi évoquant "les radeaux de corps" quand "Hiroshima a flambé".
En fin de matinée, une trentaine de militants se sont rassemblés à l'entrée du ministère de l'Economie et des Finances à Bercy. Neuf d'entre eux, recouverts de faux sang, se sont attachés les uns aux autres avec des chaînes et des cylindres en plastique. Certains scandaient "pas de fric pour la bombe atomique, patrons pas de pognon pour la bombe à neutrons".
"Nous sommes là pour rappeler aux gens qu'ils ont le devoir de demander des comptes sur ce qui est fait avec leur argent, quatre milliards d'euros sont utilisés chaque année pour les armes nucléaires", a déclaré Marion, 20 ans, étudiante en sociologie.
Vers 13H00, le groupe s'est détaché de lui-même, sans l'intervention de la dizaine de CRS présents avant de se disperser.