Les autorités mauritaniennes ont remis en liberté mardi Senda Ould Boumama, ancien cadre de l'organisation jihadiste malienne Ansar Dine. Ce dernier s'était rendu en mai 2013 aux forces mauritaniennes et était depuis détenu au secret. Cette libération, qui intervient après l'officialisation d'une coopération militaire scellée le week-end dernier entre le Mali et la Mauritanie dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, suscite la colère et l'indignation des familles des victimes à Tombouctou.
Ould Boumama, qui affirme être de nationalité mauritanienne, a été le porte-parole d'Ansar Dine. Selon des sources mauritaniennes, il s'était rendu en mai 2013 à la frontière avec le Mali, près de Bassiknou. Il avait ensuite été transféré à Nouakchott, la capitale, puis détenu, depuis lors, dans une prison secrète sans être ni inculpé, ni jugé.
Sa remise en liberté a été rapportée mardi par le site mauritanien privé SaharaMédias. Et selon des médias locaux, cette libération est intervenue à la suite notamment de « son engagement personnel d'abandonner toute activité politique, de ne rien entreprendre qui puisse nuire à la sécurité de la Mauritanie et de ses voisins ».
Senda Ould Boumama s'était régulièrement exprimé au nom d'Ansar Dine lorsque les jihadistes tenaient sous leur coupe le nord du Mali, notamment lors de la destruction de mausolées de saints musulmans dans la ville de Tombouctou, en juin-juillet 2012.
La lutte contre les jihadistes se poursuit
L'annonce de la libération de Senda Ould Boumama a provoqué de vives réactions au sein des familles des victimes de l'occupation du Nord, notamment à Tombouctou. Dans cette ville, il est accusé de plusieurs exactions contre des civils. Les victimes exigent son arrestation et sa remise à la Cour pénale internationale.
« C'est avec une grande désolation et une grande tristesse que nous avons appris la libération de cet homme. Nous constatons que nos droits ont été bafoués non seulement par la communauté internationale, mais également par la République du Mali », a réagi un membre d’une association de victimes de l’occupation du Nord. « Senda Ould Boumama a joué un grand rôle dans les exactions que nous, populations, avons subies pendant la période de l'occupation. Nous regrettons cette libération qui n'est pas opportune, et qui est une violation flagrante de nos droits », a poursuivi ce militant sous couvert de l’anonymat.
Il a appelé le gouvernement malien à « user immédiatement de toutes les voies de recours diplomatiques, politiques et judiciaires afin d'arrêter Senda Ould Boumama par tous les moyens pour le mettre à la disposition de la Cour pénale internationale (CPI), mais également des juridictions maliennes ».
Alors que les victimes expriment leur colère après cette libération, la lutte contre le jihadistes se poursuit.
A Rhaouss, où un camp militaire a été attaqué lundi par des groupes armés, les forces maliennes, appuyées par la milice Gandakoye, ont lancé une opération anti- terroriste.
Mercredi matin, cinq suspects ont été arrêtés et deux véhicules saisis. Selon une source locale, les deux véhicules interceptés par l'armée seraient les mêmes qui avaient servi dans l'attaque du camp lundi dernier.