Dans cet appel lancé à l’occasion de la prise de fonction lundi de la Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine (MINUSCA), les trois organisations exhortent la Cour pénale internationale (CPI) à diligenter rapidement une enquête et appellent les autorités centrafricaines à mettre en place une Cour criminelle spéciale.« Le défi majeur en Centrafrique est de lutter contre l'impunité et de juger ceux qui donnent des ordres criminels. La Cour pénale internationale va y contribuer mais nous avons besoin d'un mécanisme de justice complémentaire en Centrafrique pour juger tous les autres, et la MINUSCA doit y contribuer », a déclaré Me Mathias Morouba, président de l'OCDH, depuis New York.La présidente centrafricaine Catherine Samba-Panza a officiellement saisi la CPI en juin dernier pour que cette dernière ouvre une enquête sur les crimes internationaux perpétrés dans le pays depuis 2012.La procureure de la Cour, Fatou Bensouda, « doit maintenant annoncer l'ouverture d'une enquête dans ce pays dans les plus brefs délais pour adresser un signal fort aux belligérants sur le terrain et éviter la déperdition des preuves et des témoignages », a demandé Joseph Bindoumi, président de la LCDH à Bangui.Fatou Bensouda a déjà ouvert une enquête préliminaire sur la situation.Par ailleurs, les Nations unies et le gouvernement centrafricain ont signé le 8 août dernier un mémorandum d'accord prévoyant la création d'une Cour criminelle spéciale (CCS) composée de juges centrafricains et internationaux.Mais cette cour ne sera créée et opérationnelle qu'après l'adoption d'une loi spécifique par le Conseil national de transition (CNT), l'assemblée nationale de la transition. « Nous appelons le CNT à créer cette Cour criminelle spéciale dans les meilleurs délais car elle constituerait une avancée primordiale pour les victimes et la lutte contre l'impunité en Centrafrique », a déclaré Me Patrick Baudouin, responsable du Groupe d'action judiciaire (GAJ) et président d'honneur de la FIDH.« Les Nations unies et les bailleurs de fonds internationaux se disent prêts à financer cette Cour criminelle spéciale, ils doivent ainsi rapidement s'engager à lui donner les ressources nécessaires à son bon fonctionnement y compris pour les juges internationaux, afin d'endiguer le cercle de l'impunité et la perpétration de nouveaux conflits ainsi engendrée», ajoute-t-il.La République centrafricaine traverse une crise grave depuis 2013 lorsque les rebelles de la Séléka ont pris le pouvoir dans une campagne marquée des meurtres généralisés de civils, des incendies et des pillages. À la mi-2013, des groupes s’appelant eux-mêmes les anti-balaka se sont organisés pour combattre la Séléka, mais se sont également livrés à des exactions.ER