Mis en examen en France pour son rôle allégué dans le génocide des Tutsis de 1994, l’ancien vicaire de la paroisse de la Sainte Famille à Kigali avait par ailleurs été inculpé par le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) basé à Arusha, en Tanzanie.Mais ce dernier a finalement confié le dossier à la France fin 2007.Selon l’AFP, France Télévisions, les sociétés « Turbulences-Prod » et « Point du jour », coproductrices du magazine « Pièces à conviction » ont comparu mercredi devant un tribunal à Paris.Maîtres Jean-Yves Dupeux et Florence Bourg, les avocats du prêtre, les accusent d'avoir présenté leur client « comme coupable avant toute condamnation » dans un reportage, intitulé « Rwanda, des prêtres accusés » diffusé le 13 avril sur France 3. Les contestations de l’homme d’église portent sur cinq passages de l'émission qui, selon eux, induisent « des conclusions définitives » tenant pour acquise sa « culpabilité », poursuit l’AFP. Wenceslas Munyeshyaka réclame 30.000 euros de dommages et intérêts, le retrait de l'émission d'internet et la publication du jugement dans la prochaine édition du magazine et dans deux journaux. Le prêtre catholique, qui a déjà été jugé et condamné par contumace à Kigali, officie aujourd'hui en Normandie, à l'église de Gisors (Eure), en attendant la fin de l'instruction de son dossier. « Quand on sort des vingt minutes de ce documentaire, on a la certitude qu'il est coupable de génocide », a expliqué à l'audience Me Jean-Yves Dupeux. Sa consoeur, Me Florence Bourg, a critiqué l'absence d'emploi du conditionnel par les journalistes qui, selon elle, ont accrédité dans leurs commentaires la thèse défendue par trois témoins à charge qu'ils ont interviewés. « Les journalistes ont joué leur rôle d'information du public en rappelant les faits et en les mettant en perspective », a pour sa part plaidé Me Virginie Lapp, avocate de la société Point du jour. « Il n'est pas interdit de rendre compte d'une affaire judiciaire en cours », a rappelé Me Jérémie Boulay, avocat de Turbulences-Prod, qui voit dans l'action du prêtre une forme de « révisionnisme judiciaire » destinée à obtenir une décision de justice favorable dans son dossier. « Les journalistes n'ont pas d'obligation d'objectivité, on leur demande d'être prudents, sérieux et honnêtes, ce qui a été le cas dans ce documentaire précis et fouillé », a fait valoir l'avocat de France Télévisions, Me Louis-Marie de Roux.Le jugement a été mis en délibéré au 26 novembre. ER