23.10.14 - CÔTE D’IVOIRE/JUSTICE - REPORT SINE DIE DU PROCÈS DE SIMONE GBAGBO A ABIDJAN

Arusha, 23 octobre 2014 (FH) – Comme l’avaient prévu les avocats de la défense et de nombreux observateurs, le procès de l’ancienne Première dame de Côte d’Ivoire et de ses 82 co-accusés, qui devait s’ouvrir mercredi à Abidjan, a été reporté sine die.

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Lors d’une conférence de presse dans la capitale ivoirienne, la porte-parole du gouvernement, Affoussiata Bamba-Lamine, a cependant tenu à assurer que le procès « aura bel et bien lieu ». Mais quel jour ? « Il ne faut pas avoir d’inquiétudes. Je veux vous rassurer », a-t-elle répondu.Des dizaines de journalistes ont arpenté en vain le hall du palais de justice d’Abidjan-Plateau, en l’attente d’une cérémonie d’ouverture qui n’a pas eu lieu, rapporte l’AFPLe report serait dû, notamment, à une recomposition nécessaire du jury, dont l’origine ethnique des membres, proche de celle du président Alassane Ouattara, pourrait causer des suspicions à l’heure du verdict.Pour ce premier procès, les 83 accusés devront répondre de crimes du genre : atteinte à la sûreté de l’Etat, attentat ou complot contre l’autorité de l’État, constitution de bandes armées, direction ou participation à un mouvement insurrectionnel et trouble à l’ordre public. Des crimes commis durant la volatile période de 2010-1011 lorsque le président Laurent Gbagbo avait refusé de reconnaître la victoire électorale de son rival, l’actuel chef de l’Etat Alassane Ouattara.Le dossier concernant des crimes plus graves (génocide, crime contre la population civile, assassinat, viol etc.) est toujours en cours d’instruction au sein de la Cellule spéciale d’enquête et d’instruction (CSEI).En plus de ces poursuites devant la justice nationale, Simone Gbagbo, pour sa part, fait également l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes contre l’humanité. Abidjan a refusé jusqu’ici de la remettre à la Cour, soutenant avoir la capacité de lui garantir un procès équitable devant la justice de son pays.Pour la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) et ses organisations membres en Côte d’Ivoire, l’affaire reportée sine die, même si elle n’entre pas dans le cœur de la crise de 2010-2011, aura valeur de test pour la justice ivoirienne.« Pour réussir, ce procès ne devra respecter que le droit et la procédure, et non des questions politiques qui n’ont pas leur place dans l’enceinte judiciaire », avait déclaré mardi Pierre Adjoumani Kouame, président de la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO).Mercredi, le président de la Coalition ivoirienne pour la Cour pénale internationale, Ali Ouattara, a abondé dans le même sens en exigeant « une justice équitable et la poursuite de toutes les personnes qui ont commis des crimes quel que soit leur bord politique ». «Nous demandons que toutes les conditions requises pour garantir un procès équitable soient réunies. Il faut éviter un simulacre de procès ou un procès politique. C’est l’image de l’état de droit qui se joue », a indiqué l’activiste.ER