Le procès du chef militaire Bosco Ntaganda, qui s'ouvre mercredi devant la Cour pénale internationale pour des crimes de guerre commis dans le nord-est de la République démocratique du Congo, est "particulièrement important" pour les victimes de viols, a jugé vendredi la FIDH.
"Les juges ont confirmé les charges portées à l'encontre de Ntaganda pour les crimes de viol et d'esclavage sexuel dont ont souffert la population civile ainsi que les enfants-soldats enrôlés au sein de ses troupes", soulignent dans un communiqué la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme(FIDH) et ses trois associations partenaires congolaises.
Ce procès est "particulièrement important pour les victimes de crimes sexuels liés au conflit" et représente pour elles une "opportunité (...) de voir leur préjudice reconnu, et d'obtenir justice et réparation", ajoute le document.
Âgé de 41 ans, M. Ntaganda est né au Rwanda, pays voisin de la RDC. Surnommé "Terminator", car réputé sans pitié, il est accusé d'avoir joué un rôle central dans les crimes "ethniques" commis en 2002 et 2003 dans le district de l'Ituri, situé dans la Province Orientale (nord-est).
Il doit répondre de 18 chefs de crimes contre l'Humanité et crimes de guerre commis par les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), dont il était le chef militaire.
M. Ntaganda est notamment accusé d'avoir lui-même violé et réduit en esclavage sexuel des filles de moins de 15 ans, mais l'ex-chef rebelle a longtemps été protégé par Kinshasa bien qu'il soit recherché par la Cour pénale internationale (CPI).
Des juges de la CPI avaient recommandé en mars que le procès s'ouvre en juin à Bunia, capitale de l'Ituri, afin de "rapprocher le travail de la Cour des communautés affectées". Mais la présidence a finalement refusé, craignant un nouveau traumatisme des victimes et jugeant les coûts - estimés à plus de 600.000 euros - trop élevés.
"Les gens attendent de voir comment le procès va se dérouler mais ils sont un peu déçus que la CPI ne va plus juger Bosco Ntaganda en Ituri", a expliqué à l'AFP Junior Safari, directeur exécutif de l'Association congolaise pour le respect des droits de l'Homme (ACRDH), basée à Kisangani, capitale de la province Orientale.
"Les victimes et les témoins voulaient voir comment il allait se défendre. Pour eux, un procès en Ituri aurait été un temps fort car ils sont convaincus que Bosco Ntaganda n'allait pas avoir le courage de nier les accusations une fois face aux victimes", a-t-il ajouté.
Les violences sexuelles sont souvent utilisées comme arme de guerre depuis plus de vingt ans dans l'est de la RDC, où des dizaines des groupes armés nationaux et étrangers s'affrontent pour des raisons ethniques, foncières et pour le contrôle de zones riches en minerais.