Une trêve humanitaire dans la guerre au Yémen initiée par l'Arabie saoudite, chef de file de la coalition contre les rebelles chiites, est censée mettre fin mardi soir aux sept semaines de raids aériens et de combats meurtriers.
Depuis le lancement de l'opération aérienne de la coalition le 26 mars, 828 civils ont été tués selon l'ONU. Le conflit a en outre aggravé la situation humanitaire dans ce pays, où 12 millions de personnes sont en insécurité alimentaire.
Alors que la trêve doit entrer en vigueur à 23H locales (20H GMT), le pays a connu de nouveaux raids aériens de la coalition et des combats entre rebelles Houthis et partisans du président Abd Rabbo Mansour Hadi, exilé à Ryad.
Un dépôt d'armes des rebelles situé proche de la capitale Sanaa a été bombardé à nouveau dans la nuit et mardi matin, provoquant une série d'explosions, selon un correspondant de l'AFP.
Des premiers raids visant ce dépôt situé dans une colline surplombant les quartiers est de Sanaa avaient eu lieu lundi en fin de journée. Au moins cinq personnes avaient été tuées et 20 autres blessées dans les puissantes explosions déclenchées par ces frappes, selon des sources médicales.
Aucun bilan n'était disponible après les derniers raids.
A Aden, grande ville du sud, les combats entre rebelles et partisans de M. Hadi n'ont pas cessé de la nuit. Six personnes, dont des civils, ont été tuées et 52 blessées lundi dans la ville, a annoncé un responsable des secours.
Un responsable de l'administration locale a dit craindre de voir la trêve "ne pas tenir à Aden au vu de la recrudescence des attaques des Houthis".
Des dizaines de Houthis et de combattants pro-Hadi ont été tués ces dernières 24 heures dans de violents combats dans les provinces sudistes de Dhaleh et Chabwa, selon des responsables locaux.
- Enfants soldats-
Dans le sud-ouest, cinq civils ont été tués mardi par la chute d'obus sur un commerce, une maison et une mosquée à Taëz, selon des sources médicale et locale.
Human Rights Watch a dénoncé mardi la tendance des Houthis à recruter des enfants qui s'est accentuée ces derniers mois selon l'ONG.
Dans un communiqué, Fred Abrahams, conseiller spécial de HRW, a souligné que cette pratique pouvait être assimilée à des "crimes de guerre". Selon HRW, les enfants constituent jusqu'au tiers des combattants des Houthis et d'autres groupes armés au Yémen.
Le cessez-le-feu de cinq jours, renouvelables, a été proposé vendredi par l'Arabie saoudite dans le but de faciliter l'acheminement d'aides humanitaires à la population civile durement éprouvée par le conflit.
Les alliés des Houthis que sont les militaires fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh ont été les premiers à l'accueillir favorablement, en affirmant vouloir ainsi alléger les "souffrances" des Yéménites.
C'est la même raison qui a été invoquée dimanche par les Houthis qui ont laissé entendre par le bout des lèvres qu'ils étaient prêts à respecter une telle trêve.
Anticipant sur un arrêt des combats, l'ONU a annoncé se préparer à une large opération humanitaire au Yémen.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) a indiqué se tenir prêt à apporter des rations alimentaires d'urgence à plus de 750.000 personnes dans les régions touchées par le conflit.
-Al-Qaïda ciblé-
L'organisation onusienne avait annoncé le 30 avril que la pénurie de carburant l'obligeait à arrêter progressivement ses distributions de nourriture.
Depuis, un navire, chargé de 250.000 litres de carburant et d'équipements, a accosté samedi au port de Hodeida (ouest). Un deuxième navire chargé de 120.000 litres de carburant, attend de pouvoir accoster.
Au cours du mois d'avril, le PAM a pu venir en aide à 1,1 million de personnes au Yémen.
Dans le sud-est du Yémen, un chef local d'Al-Qaïda, Maamoun Hatem, et trois membres du réseau extrémiste ont été tués lundi dans une attaque de drone, a indiqué mardi à l'AFP un responsable yéménite.
Maamoun Hatem est l'émir d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) dans la province d'Ibb (centre), a-t-il précisé, ajoutant qu'un responsable de la sécurité du groupe, Mohamed Saleh al-Ghorabi, avait également péri dans le raid.
Le drone, vraisembablement américain, a visé un véhicule à l'entrée du Palais présidentiel à Moukalla, dont s'est saisi Al-Qaïda depuis sa prise de cette grande ville du Yémen le mois dernier.